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Parti courir, no 54. 3 novembre 2020.

Je suis parti courir. Ou plutôt je partirai courir tantôt. En attendant les résultats de l’élection américaine. Question d’évacuer le stress. Oui, le stress. 

À la limite c’est un peu inutile d’être aussi préoccupé par le vote américain. Peu importe l’élu, le Québec ne se retrouvera pas en guerre civile ou en crise économique. On a la chance d’être dirigés par des équipes passablement compétentes. Mais tout de même, les signaux de racisme, de sexisme, de négation de la science et des faits qui nous viennent du Sud depuis quatre ans, ça fini par laisser des traces.

Les États-Unis représentent un idéal démocratique, capable du pire et du meilleur, une société qui fonctionne, la plupart du temps, comme un pays civilisé devrait fonctionner. La série télé The West Wing montrait le meilleur côté. On voudrait tellement que ça soit comme ça pour vrai. La série House of Card, elle, montrait le plus mauvais. Dites-nous que c’était seulement de la fiction.

Je suis la politique américaine depuis pas mal de temps. Ça a dû commencer avec le Watergate. Un pays qui met à la porte son président parce que c’est un bandit et qui fait ça dans les formes, parce que des journalistes ont sonné l’alarme, après enquête des instances politiques et sans violence, mérite toute notre admiration. 

Ensuite, il y a eu les années Reagan et son optimisme. Avec le recul, on se demande si c’était un gars pas trop allumé vraiment chanceux ou un politicien extrêmement habile capable de charmer tout le monde au point d’obtenir des résultats totalement inattendus (la fin de la Guerre froide, ce n’est pas rien!). Même ses biographies les plus documentées n’arrivent pas à trancher.

Après Reagan, un bref interlude Bush (le premier) nous a amené à Clinton. La modernité. Un intellectuel brillant et charismatique, souvent drôle, plein de contradictions et de défauts mais une belle illustration de ce que représente le « service public ». Mettre ses grandes capacités au service de l’avancement de la société. 

Comme les américains votent souvent par réaction à l’administration précédente, ils ont ensuite élu le second Bush. Ni intellectuel, ni charismatique. Pas nécessairement le couteau le plus aiguisé du tiroir mais au moins suffisamment intelligent pour reconnaitre ses faiblesses et entouré d’une équipe expérimentée. Le 11 septembre 2001, il a comme on dit « grandi de six pouces » et s’est imposé comme leader d’une nation ébranlée. 

Après, on a eu Obama, à qui on aurait volontiers accordé un troisième et un quatrième mandat. La classe, l’élégance, l’intelligence, la culture et un grand sens de l’humour. Et ça c’est juste Michelle! 

Comme je disais précédemment, les américains votent souvent en réaction à l’administration précédente. D’où le résultat de 2016. Pas de classe, pas d’élégance, pas d’intelligence, pas de culture et pas de sens de l’humour. Et ça ce n’est pas juste Mélania! 

Alors, aujourd’hui je suis parti courir pour évacuer un peu de stress. En attendant de m’installer devant la télé et deux ou trois ou autres écrans dont au moins un ouvert à CNN pour écouter John King. Un analyste formidable capable de décrire les tendances des électeurs, section de vote par section de vote, quartier par quartier, année électorale par année électorale. Si on annonce que, surprise, ça vote républicain dans tel coin perdu du Nebraska, il va vous dire que c’est normal, « Toute la famille Johnson, des démocrates, vote toujours plus tard, après souper. Ce soir, ils vont manger du poulet ». J’exagère mais à peine. 

Les américains sont capables du pire et du meilleur. Voilà. C’est ça qui me stresse. Je suis parti pour une longue course, avant une longue soirée.

Catégories : Novembre 2020