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Parti courir, no 18. 3 mai 2020.

Je suis parti courir. Tôt le matin, un net avantage pour ce qui est d’aller en ligne droite. Par contre, moins de monde à éviter, ça fait aussi moins d’histoires à raconter. Tant et si bien qu’au retour je n’avais pas vraiment de sujet de chronique. Heureusement, quelques minutes plus tard, arrive un message de ma nièce Julie. 

Je partage plusieurs affaires avec Julie. Nos familles bien sûr, les livres, quelques ennuis de santé, la course. Toujours content de lui parler, en vrai ou en numérique. À mon arrivée, donc, un message de Julie, toute heureuse de m’annoncer son retour à la course après une pause involontaire de quelques mois. 

Julie c’est un pichou. Attention! Avant d’aller plus loin je vous explique qu’au Saguenay-Lac-Saint-Jean, un pichou ça peut vouloir dire plusieurs choses. D’abord un mocassin, comme en portaient les amérindiens et les coureurs des bois. Ensuite, ça peut aussi être un coureur, un participant à la Course des pichous, le 15 kilomètres hivernal nommé en hommage aux Pionniers. À l’origine c’était une activité de feu le Carnaval-souvenir de Chicoutimi. Enfin, un pichou dans la parlure régionale, ça peut aussi être une personne, disons, un peu moche. 

Julie, donc, c’est pas un pichou (pour vous dire, c’est le sosie de Geena Davis. Googlez Geena Davis, vous verrez que dans le concours « je suis le sosie de » c’est un billet gagnant) mais c’est un pichou puisqu’elle participe à la course hivernale. Jusque-là vous me suivez?

En 2015, j’ai pris le départ de cette course avec mon vieux chum Jean-Pierre et Julie. Dans le cas de Jean-Pierre, je peux dire que j’ai couru avec. Pour ce qui est de Julie, « prendre le départ avec » c’est vraiment la bonne expression. 20 secondes après le signal de départ elle était disparue de notre champ de vision. Quand Jean-Pierre et moi on est arrivé, elle était rendue à la maison depuis un bon bout de temps. 

Nonobstant le décalage horaire entre elle et nous, ça reste vraiment un bon souvenir. Nous étions Julie, Jean-Pierre, moi et 1997 autres coureurs. Il faisait pas trop froid, près de zéro alors qu’au Saguenay, à la mi-mars, un « moins 1000 » est toujours envisageable. J’ai fait tout le trajet côte à côte avec Jean-Pierre, en échangeant une ou 72 niaiseries. Au secondaire, Jean-Pierre souffrait d’une puissante allergie au gymnase, moi j’y étais tout le temps. Si on nous avait dit que, 40 et quelques années plus tard, on serait toujours amis et qu’on ferait du sport ensemble, on aurait sûrement répondu quelque chose comme : « beu gle ah chose ju deee ». Je le sais c’est incompréhensible. On était des ados, je vous le rappelle. 

La conversation Messenger avec Julie m’a ramené à l’hiver 2015. Mars 2021, ça semble loin, mais c’est temps-ci, s’il y a une chose dont on a besoin, c’est bien de voir un peu loin. J’ai vérifié avec mes partenaires, ils sont partants. On a pris rendez-vous pour la prochaine Course des pichous. 

Catégories : Mai 2020