Parti courir, no 43. 16 août 2020.
Je suis parti courir. Avant de passer chez le locateur d’outils car on avait réservé une machine à pression. Tous les trois ou quatre ans, Mme Ménard a, comme ça, un irrésistible besoin de passer deux jours avec le « gun » à pression dans les mains. Rambo, sur la Rive-Sud, avec un fusil à l’eau.
On branche la machine. On a l’habitude, ça part… mais là, ça s’arrête, presque tout de suite. Un coupe-circuit (à partir de maintenant je parlerai d’un breaker) vient de lâcher. Vérifie les fils, remet le breaker en place, ça repart, pour s’arrêter immédiatement.
Un peu de contexte : je suis vraiment allé courir une heure, le matin, avant déjeuner, par un bon 26 degrés humide. Au retour, je suis parti tout de suite chercher la machine, pensant qu’il valait mieux mettre madame au travail pour ensuite déjeuner tranquille.
Erreur.
Rien à faire. Branche, rebranche, change le fils, change la prise, toujours un breaker qui lâche. L’estomac encore vide et la patience à -125, je décide de retourner chez le locateur, espérant bien que c’est la machine la source du problème.
Les lecteurs réguliers connaissent déjà mon intérêt/talent (!) pour toutes les choses reliées au bricolage. Je ne suis pas dans mon élément, disons. J’arrive dans la cour du locateur, je sors la machine et je leur dis, avec autant d’assurance que possible : « Ben, euh… j’ai bien l’impression que la machine est brisée ».
Je leur explique les problèmes d’alimentation électrique puis, audacieusement, je leur avance une hypothèse basée pour un tiers sur le (très) peu que je connais dans le domaine, un autre tiers l’intuition et le reste sur un trente-sous lancé en l’air : « C’est comme s’il y avait un court-circuit dans le moteur, ça tire trop de jus et ça fait lâcher les breakers ».
J’ai devant moi trois gars qui connaissent ça les machines. Ils me regardent en se disant : « il a aucune idée de quoi il parle ». Ils n’ont pas complètement tort. Les gars se penchent sur la machine, l’essaient, branche-débranche, l’essaient sur une autre prise, font le « reset », refont le « reset », tâtonnent tout ce qui dépasse. Finalement le chef de l’équipe me dit : « Monsieur, vous avez raison. Ça a l’air d’un court-circuit ».
Alleluyah! Alleluyah! Il a dit « Monsieur, vous avez raison. » !
Pour vous donner une idée de comment je me sens à ce moment-là, moi, l’ignorant de banlieue, partez ici le Messie de Haendel (vous trouverez le lien plus bas). Refaites avec moi la scène. Le gars dit que j’ai raison, partez la musique.
Ils m’ont donné une autre machine, plus lourde que la précédente. Pas grave, j’ai flotté jusqu’à la voiture, je l’ai mise dans le coffre d’une seule main et je suis reparti, triomphant.
Dans le merveilleux monde de l’outillage, du bizounage, du bricolage, de la mécanique et de l’électrique, ce jour sera marqué d’une croix.
J’ai eu raison!
Pour entendre Le Messie de Haendel : https://youtu.be/u-tGYdG6PR8