Parti courir, no 48. 21 septembre 2020.
Je suis parti courir. Un peu raide. Normal, c’était un lendemain de hockey, la première partie de la saison. Même en forme, le premier lendemain de hockey est toujours un peu difficile.
Aucun exercice n’accote un match de hockey pour ce qui est de solliciter tous les muscles, dans toutes les directions, de façon aussi aléatoire. Imaginez une longue classe de Zumba, en accéléré, si le prof essayait constamment de vous prendre en défaut par un mouvement imprévu.
Le hockey du mercredi 21h30 a repris. Avec un paquet de mesures sanitaires, évidemment. On s’est tous dit que ça vaut mieux que « pas de ». Tiens, c’est notre époque, ça. On fait des choses, elles sont différentes, sûrement pas meilleures que les anciennes façons, mais… ça vaut mieux que « pas de ».
Bref on a joué notre match. Encore une fois je constate que le hockey est presque secondaire dans l’affaire. Revoir son monde, s’asseoir à la place habituelle avec les mêmes voisins, refaire et réentendre les mêmes commentaires, c’est une grande partie de l’expérience. Peut-être même la meilleure.
Comprenez-moi bien, j’aime toujours autant patiner, faire un pivot, couper une passe, empêcher un attaquant de faire un jeu (rendu là vous avez peut-être deviné que je joue à la défense et mon objectif, c’est d’empêcher l’autre de réussir son coup).
Quand on y pense, il y a quelque chose de sadique dans le fait de jouer à la défense. Compter, c’est le fun. Empêcher quelqu’un de compter, le faire rater, c’est Super le fun. Un peu déviant.
Un peu masochiste, ça aide aussi parce que je me place encore sur la trajectoire des lancers frappés, espérant me faire atteindre. Après 55 et quelques saisons, j’ai toujours le réflexe d’y aller. Bien sûr on n’a pas Shea Weber dans notre groupe mais tout de même, plusieurs joueurs ont un lancer qui dépasse le seuil de tolérance des jambières. Pas grave, ça vient avec.
Autre chose qui « vient avec », c’est la bière d’après match. Peut-être deux. Avec le même groupe de cinq ou six, depuis bientôt 25 ans. Au même endroit la plupart du temps. Sauf que ces temps-ci, comme le bar habituel est moins accueillant, il nous fallait une option de rechange. On se réunit où, en temps de pandémie après une partie de ligue de garage?
Ça allait de soi, dans un garage. Le mien, studio temporaire pour notre version locale des Amateurs de sports. On y est allé pour les mises à jour : l’été qu’on a passé, les voyages qu’on n’a pas faits, les garages qu’on construit avec l’argent épargné des voyages pas faits, la santé des épouses, la nôtre, les enfants, les petits-enfants.
Les gars sont repartis (une bière, peut-être deux). J’ai refermé la porte du garage. La région est passée au jaune, le virus rôde. Je devrais pouvoir la rouvrir mercredi. Après?