Parti courir, no 55. 8 novembre 2020.
Note : C’est ma dernière chronique à propos de la politique américaine, promis!)
Je suis parti courir. Le pas léger, comme des centaines de millions de personnes dans le monde. CNN venait de confirmer la Pennsylvanie pour Biden. 273 Grands électeurs, jeu, set et match.
J’ai commencé à écrire en courant. Je parlerais des multiples ironies qu’on peut trouver dans le résultat des élections. Victoire démocrate dans l’Arizona de John McCain et la Géorgie de John Lewis, deux grands noms de la politique américaine que Trump a abondamment insultés. Un score final prévisible de 306 Grands électeurs pour Biden, soit exactement le même résultat que Trump en 2016 (Encore récemment, il distribuait des cartes de son élection en parlant d’une « victoire historique, un raz-de-marée! »)
Je pensais aussi parler de ma déception à l’égard de pas mal d’américains. 70 millions de personnes qui, pendant quatre ans, l’ont entendu mentir, inciter à la violence, encourager le racisme et le sexisme, exhiber son ignorance crasse, se vanter de ne pas lire ou écouter les avis d’experts et nier les consensus scientifiques. Malgré tout, ils en ont redemandé. Je croyais que le « vote caché » allait être pour le sortir de Washington. Au contraire, il fut celui de ceux qui voulaient quatre ans de plus!
J’étais un peu pompé. C’est bon pour mes temps de course mais ça ne sert pas à grand-chose d’autre. Quand tout à coup, j’ai réalisé que je suis maintenant à ça de la Maison-Blanche. Oui, messieurs-dames, j’ai un contact dans la West Wing. Genre.
Vous doutez de moi, je vous comprends, je m’explique. En 1999, je travaillais chez Alcan, à Montréal, dans la gestion des commandites. Un poste où on rencontre toutes sortes de gens qui ont toutes sortes de projets. Une bonne journée, arrive un jeune gars du nom de Hugh Kwok, qui fabrique avec son père des automobiles de haute-performance. Il voulait qu’Alcan l’aide à alléger ses bolides en fournissant de l’aluminium.
Ce n’était pas vraiment dans les plans de l’organisation à l’époque, j’ai dû lui dire non. Il était très correct et sympathique, on s’est quitté en bons termes. Rien de personnel c’est comme ça dans les commandites, tu dis « non » 99 % du temps.
Je n’avais jamais repensé à cette histoire jusqu’à l’an dernier, lorsque Kamala Harris a commencé à faire campagne. Les médias ont souligné les quatre années (de 12 à 16 ans) qu’elle a passé à Montréal quand sa mère enseignait à McGill. Les journalistes ont retrouvé quelques-uns de ses amis du secondaire dont un certain… Hugh Kwok. Le nom peu courant s’était gravé sur mon disque dur de mémoire. J’ai cherché un peu et c’est bien le même.
Mon fabricant d’autos de course est un ami personnel de la vice-présidente (élue) des États-Unis!
Je ne l’ai pas revu depuis 1999. Va falloir être créatif pour trouver une façon pas trop téteuse de rétablir le contact.
- Hugh? C’est Guy (ici je vous épargne un bon 10 minutes d’explications pour lui ramener un vague souvenir de moi).
- Oui?
- J’appelais comme ça pour prendre des nouvelles. Les autos ça va? La famille? Les amis… tu sais les amis, les camarades du secondaire… le monde qu’on n’a pas vu depuis un bout de temps, qui ont changé de pays, qu’on voit beaucoup beaucoup à la télé ?
- …
Finalement, je suis peut-être à un peu plus que « ça » de la Maison-Blanche.