Parti courir, no 111. 12 février 2024
Je suis parti courir. Sans aller nulle part. Ces temps-ci, je cours au gym sur un tapis roulant. Plus sécuritaire que les rues glacées mais on s’entend que pour ce qui est de trouver des histoires à raconter, ça limite pas mal les options…
Faute de mieux, ma mémoire a dû faire l’inventaire des entrées les plus récentes et s’est arrêtée sur Tony Soprano. « Anthony », « Ton » ou même juste « T » Soprano, le chef d’une famille mafieuse du New Jersey, dans la série télé « Les Sopranos » diffusée de 1999 à 2007.
J’étais passé complètement à côté des Sopranos lors de la diffusion originale. Je savais ce que ça racontait et que c’était un très gros succès mais je n’avais juste pas embarqué. Mais voilà que, il y a quelques semaines, je tombe sur une rediffusion sur un canal français et je me dis « tiens, ça pourrait être une idée… »
Depuis, je vis par procuration, comme un boss de la mafia. J’habite en fin de soirée dans la banlieue de Newark, je fréquente le quartier-général, le BadaBing!, un club de danseuses (svp ne le dites pas à Mme Ménard), je mange italien et je bois du Chianti. Il y a beaucoup d’alcool dans l’univers des Sopranos et toujours une bouteille de rouge sur la table.
Parlant du rouge sur la table de Tony, c’est drôle, elle me dit quelque chose, cette bouteille… Je la reconnais! C’est le Chianti Riserva Ducale de Ruffino. Je le connais assez pour qu’il se trouve dans la liste de mes favoris dans l’application de la SAQ!
Mon Dieu, je bois comme Tony Soprano. De plus, je me rappelle très bien comment j’ai connu ce vin. Et grâce à qui.
André J. Bouchard a été mon premier patron chez Alcan, fin des années 80. Il m’apprenait à naviguer comme cadre dans les communications d’une grande entreprise, pas une mince tâche quand tu arrives d’une toute petite organisation comme la station de radio CJMT où je travaillais auparavant.
Grosse voix, grosse moustache, de l’expérience, André J. en imposait. Comme premier mentor, j’étais bien tombé. En plus, il s’y connaissait en bouffe et en vin, deux domaines où mon bagage était minimal.
Parfois, André J. m’amenait diner pour parler business. Il aimait bien la cuisine de l’Hôtel Jean-Dequen, à Arvida, sur l’ancienne route 170. Comme c’était les années 80, même pour un lunch avec un subalterne, on pouvait se permettre un petit verre de vin, des fois deux.
On arrive comme ça un midi au Jean-Dequen. Mme Hovington nous installe dans un coin, André scrute la carte des vins, fait son choix et m’annonce : « Celui-là, mon Guy, tu vas l’aimer! ». Une minute plus tard, la patronne arrive, bouteille en main. Un Italien, un Chianti, le Ruffino Riserva Ducale. Tel que promis, je l’ai aimé. Vraiment beaucoup.
Depuis, j’ai toujours associé le Riserva Ducale a de bons souvenirs et je le bois encore à l’occasion, en ayant toujours une bonne pensée pour celui qui me l’a fait découvrir.
Alors imaginez ma tête quand, une quarantaine d’années plus tard, j’aperçois ce vin-là, précisément ce vin-là, sur la table d’un boss de la mafia du New Jersey!
On s’entend. Dans les années 80, Arvida, c’est pas Newark, le Jean-Dequen n’était pas le BadaBing! et madame Hovington a toujours été une hôtelière, complètement vêtue. André, lui… grosse voix, grosse moustache, de l’expérience… il aurait peut-être été rappelé pour le second tour des auditions de la version saguenéenne des Sopranos. Juste pour le choix du rouge. Beaucoup trop honnête pour tout le reste des activités de la « famille ».
On trouve toujours le Riserva Ducale à la SAQ. Parfois avec l’étiquette originale, celle des Sopranos et du Jean-Dequen, parfois avec une nouvelle étiquette, beaucoup moins belle je trouve.
Mais le Chianti est toujours aussi bon. Toujours plein de bons souvenirs.
Ne manquerait plus maintenant que, un peu à la manière de Tony Soprano, je touche un pourcentage pour avoir fait la promotion du Riserva Ducale.
Message pour les gens de marketing chez Ruffino : sachez que je suis très ouvert sur les modes de paiement. Ça veut dire que tous les formats seront acceptés.