Parti courir no 119, 17 décembre 2024
Je suis parti courir. Après une extension. Il faut toujours une extension qu’on n’a pas. Trop courte, trop longue, pas de 3e fiche, pas de branchement supplémentaire, le modèle pour l’intérieur quand on a besoin de l’extérieur, le modèle… quand…
Bref, bien que ce ne soit jamais bref, on finit toujours par trouver la fameuse extension qui devrait permettre de compléter le travail. Tout est branché et vérifié, les fils ont été dûment secoués pour s’assurer que les connexions molles vont tenir le coup.
Alors, d’un geste confiant, on branche la panoplie de lumières de Noël qui s’allume… presque. Pas tout-à-fait. À moitié. Pour vrai, moins qu’à moitié. Un tiers. Et encore, je suis généreux.
Ça ne peut pas être juste le hasard, le hasard, par définition, est beaucoup trop aléatoire pour être aussi efficace. Là, c’est à tout coup.
Mise en contexte : À chaque année quand arrive le Temps des fêtes vient le moment d’installer les décorations extérieures. Mon champ de spécialités puisque Mme Ménard se réserve l’intérieur. Moi, faisant preuve d’un navrant manque d’imagination, je remets toujours les mêmes guirlandes aux mêmes endroits. Les crochets de soutien sont déjà installés, la recette est éprouvée, on ne répare pas ce qui n’est pas brisé (vous pouvez aussi ajouter ici un cliché de votre choix excusant l’absence de créativité), quoi qu’il en soit, d’un Noël à l’autre depuis maintenant pas loin de 20 ans qu’on habite ici, c’est de ça que ça a l’air. Le voisinage peut dormir en paix, 2024 n’apportera aucun changement.
Sauf, évidemment qu’une partie de la féérie de Noël refuse, comme à chaque année, de s’allumer.
Ça aussi ce n’est pas une surprise. Elles allumaient encore toutes lorsque je les ai rangées mais lorsqu’on les ressort, fatalement il y a un toujours bout qui refuse de reprendre du service.
C’est la faute au Cartel.
Je vous entends d’ici : le Cartel? Oui, le Cartel de la guirlande lumineuse. Moins connu que ceux de la Colombie mais tout aussi efficace. L’organisation qui regroupe, dans le plus grand secret, les fabricants de ces damnées guirlandes.
Je les imagine bien, pas très longtemps après les Fêtes, dans une salle discrète d’un luxueux complexe hôtelier, quelque part au soleil (on peut très bien contrôler le marché des lumières de Noël sans aimer particulièrement le froid), un petit cocktail devant chacun, à réviser l’ordre du jour de la rencontre :
- Point 1 : les lumières blanches cette année : on les fait full blanc, beige, jaunâtre?
- Point 2 : la vingtaine de lumières qui n’allume pas : au début, au milieu ou à la fin?
- Point 3 : les ampoules de remplacement : cette année, la partie qui ne veut pas rentrer à sa place, on la fait carrée ou ronde?
- Point 4 : la guirlande en tube qui s’enroule : celle qui ne se trouve plus sur le marché, c’est la blanche, la verte ou la rouge?
- Point 5 : révision des études de marché de nos génies du marketing sur les nouvelles gogosses à mettre en production pour Noël 2025.
- Point 6 : décision à prendre sur lesquelles parmi les nouvelles gogosses vont lâcher dès Noël 2026.
- Point 7 : varia, gros rires gras, variations sur le thème « on va encore les avoir cet hiver les niaiseux » et fermeture de la réunion.
Ensuite, les membres du Cartel vont retrouver pour célébrer, leurs collègues des autres Cartels, notamment le Cartel des extensions électriques; l’autre, le Cartel des boules de remplacement et, bien sûr, l’imposant Cartel des fabricants d’arbres artificiels, celui qui prend des décisions annuelles telles que : quelle partie ne veut plus plier? Le fil d’alimentation, il casse à quelle place? Et, bien sûr, quel morceau de la boite de rangement on va programmer pour défoncer en premier.
Vous pensiez que c’était le hasard?
Je vais mettre votre candeur sur le compte de l’Esprit des fêtes. Ne changez surtout pas!
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