Parti courir no 83, 6 mars 2022
Je suis parti courir. Je repassais dans ma tête les évènements de la dernière semaine. Rien de bien spécial : j’ai publié un livre et je suis allé le présenter dans un talk-show sur une chaîne nationale, en heure de grande écoute. Bref, pas de quoi écrire à sa mère.
Oui, c’est sûr que j’aurais écrit à ma mère!
Mais je ne lui aurais rien appris. Elle n’aurait manqué ça pour rien au monde. Elle conservait religieusement le moindre bout de journal où mon nom apparaissait. Si elle était toujours avec nous, elle aurait appris à faire des captures d’écran sur son iPad. Juste pour moi.
Livre et télé, donc. Je vous avais mis en garde : le livre, c’est au profit de la recherche sur le myélome multiple, plus précisément « le Défi Cyclo-myélome pour la Chaire Myélome Canada sur le myélome multiple de l’Université de Montréal à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont ». La cause est bonne, je serai achalant et je vous inciterai à l’acheter. Souvent.
Quoi? La boutique en ligne? Seigneur, que les gens ont pas de mémoire… C’est bien juste pour rendre service : https://victoretanais.com/products/parti-courir-chroniques-pandemiques
La télé maintenant. L’expérience que j’en ai est du secteur « information ». Une grande émission de divertissement, devant public, comme La semaine des 4 Julie, animée en plus par Marie-Lyne, c’est autre chose.
Mme Ménard et moi on arrive au studio. Si vous pensez « glamour », les lettres Hollywood à flanc de montagne, effacez ça tout de suite. Le show a lieu dans un bâtiment anonyme du parc industriel de Varennes.
Je crois que Mme Ménard et moi, sans se le dire, on s’était donnés comme mission de pas avoir l’air trop « recrues », de faire comme si on connaissait un peu la routine. Comme on dit familièrement, de ne pas avoir l’air niaiseux.
Échec monumental.
Pas la bonne porte, pas le bon escalier, le code QR qui refuse de s’activer, part à gauche quand on nous demande de partir à droite. On a eu précisément l’air de ce qu’on voulait pas avoir l’air de. (Je vous laisse une seconde pour relire la dernière phrase. Réorganisez au besoin).
On finit par arriver à ce qu’on appelle, nous, les gens du showbizz (!), le « green room ». Une salle d’attente. Un genre de salon où patientent les « artistes ». Les guillemets ne s’appliquent qu’à moi, les autres invités ce soir-là sont des membres en règle de l’Union des artistes.
Dieu sait pourquoi, je me suis dit qu’un « green room », c’est un peu comme un club de motards. Il y a les « patchés » qui en mènent large et ensuite les « hang around » qui se tiennent proche. Dans le « green room », il y a les artistes et ensuite l’entourage. Les agents, conseillers, famille, etc. Chez les motards, les « hang around » sont là pour faire les mauvais coups. Les assassinats notamment. J’ai pas osé demander si la répartition des tâches était la même dans le « green room ».
On s’est installés. Marie-Lyne, entre 25 détails de dernières minutes à régler, est venue nous dire bonjour. Escortée par un monsieur costaud. Un garde du corps. Un garde du corps? Ça a l’air que ça vient avec l’émission. Il y a beaucoup de monde sur le plateau. La production, l’équipe technique, le public, des patchés et des hang around, alors, oui, il y a un monsieur costaud qui la suit de près. Gentil, tant qu’il n’a pas besoin d’être vraiment pas gentil.
En attendant le début de l’émission, on a jasé entre invités, Jean-Nicolas Verreault, Éric Robidoux, Mona de Grenoble et votre humble serviteur. Deux acteurs, une drag queen et un gars dont les trois premiers se demandaient sûrement « c’est qui lui, il fait quoi là? ». Sympathiques, ils ont fait voir de rien.
Fait saillant de l’attente, une discussion très sérieuse sur l’utilisation du mot « sodomie » en humour. Curieusement, ce n’est pas une conversation que j’avais prévu avoir un jour. Au final, croyez-le ou non, Mona m’a fait confiance comme conseiller en communication. Dans l’émission, la version « grand public » de son gag, celle que je lui suggérais, a marché très fort.
L’enregistrement s’est déroulé rondement, mon tour allait arriver. Une dernière pause publicitaire, ma bouche est devenue totalement sèche. Marie-Lyne, elle, a sûrement eu une courte panique intérieure en se demandant si c’était pas une fausse bonne idée de m’inviter.
Elle m’a présenté, la musique est partie, les gens ont applaudi, j’ai réussi à me rendre au fauteuil sans m’enfarger sur le tapis roulant. Le pire était fait.
Le reste est ici :