Parti courir, no 45. 30 août 2020
Je suis parti courir. Avec un vague mal de cœur. Pas une affaire de déjeuner trop rapproché ou d’excès liquide, non, plutôt en raison de ce que j’avais écouté la veille. Les dernières heures de la convention républicaine. 1500 supporteurs de Donald Trump, assis serrés les uns contre les autres pour écouter le Grand Homme. Aucun masque, zéro mesure de prévention, pas de tests Covid au préalable. Un grand moment de stupidité, en hommage au plus stupide d’entre eux.
J’ai beaucoup hésité à écrire là-dessus. Tout le monde l’a fait, ça change quoi? Mais le mal de cœur a eu le dessus. Considérez que cette chronique fait office de Gravol. Elle me permettra d’éviter le pire.
Les organisateurs de la convention avaient demandé à la succession de Leonard Cohen la permission d’utiliser sa chanson « Hallelujah ». La succession a refusé. Alors, évidemment, ils l’ont quand même utilisée. Deux fois. 70 minutes de délire et de mensonges, suivies de feux d’artifices sur fond de l’Hallelujah de Cohen.
Pas de respect pour la loi, pour les faits, pour la morale ou l’éthique. L’intuition (l’intuition!) qui remplace la science. Se vanter de ne pas lire. Pas la moindre honte. Si on répète suffisamment le même mensonge, ça va finir par coller. Des beaux diplômés de « l’Université de la vie » pour qui trois vidéos sur YouTube c’est aussi valable qu’un post-doctorat.
De tous les torts qu’il aura causés (pas juste aux États-Unis, on en subit tous les contrecoups) je crois que le pire sera d’avoir libéré les imbéciles. Si le Président des États-Unis peut dire n’importe quoi, sans preuve, en toute impunité, pourquoi pas moi, se dit l’imbécile.
J’ai lu quelque part une phrase que j’ai trouvé très juste. Il n’y a pas plus de caves qu’avant. C’est juste que maintenant ils sont fiers de l’être. Être cave, c’est devenu un projet de société. Un programme politique. « Je vais voter pour lui, il est comme moi! »
Ben non, justement, je ne veux pas voter pour quelqu’un comme moi, je veux voter pour un meilleur. Bien meilleur que moi. Un qui sait aussi qu’il ne peut pas être le meilleur dans tout alors il aura l’intelligence de s’entourer d’experts, de spécialistes, de petits génies et de vieux sages.
Ça existe, du monde comme ça. J’en ai connu quelques-uns. Tu leur parles et tu entends comme un buzz. C’est le son du petit hamster dans leur tête qui roule en surtemps. Tout le temps.
Mais au Sud, ils auront à choisir entre un idiot entouré d’une équipe dont la principale compétence est la capacité à le flatter dans le sens du poil orange et un « dangereux gauchiste radical » de 77 ans, un politicien de carrière, sénateur depuis 1972, dont la plus grande qualité est d’être… un humain.
Le résultat de l’élection n’est pas encore assuré. Possible qu’on se tape encore « four more years », comme ils disent.
Les Gravol, ça s’achète à la caisse?