Parti courir, no 47. 13 septembre 2020
Je suis parti courir. Cinq minutes plus tard, je suis parti à rire. Dans les médias on parlait beaucoup de Ron Fournier, le coloré animateur d’émissions de sport qui venait d’annoncer sa retraite de la radio. Un souvenir venait de me remonter en mémoire, celui de mon « moment Ron Fournier ».
On est en 2004, pendant les Jeux paralympiques d’Athènes. J’ai un mandat de consultant pour Alcan comme gestionnaire de la commandite de l’athlète Chantal Petitclerc. Chantal est inscrite à cinq courses. 100, 200, 400, 800 et 1500 mètres. Elle va toutes les gagner. Cinq courses, cinq médailles d’or. Facile de même (!). On verra sa photo partout dans le monde. Avec petit « Alcan » sur son casque. Il a échappé à l’attention des officiels qui vérifient que seuls les commanditaires des Jeux ont droit à de la visibilité. Un coup de chance.
C’est justement ce « Alcan » le détail qui a attiré l’attention de Ron Fournier. Il aime sûrement tous les sports mais on s’entend que les paralympiques, le 100 mètres en fauteuil roulant, classe T-52, c’est pas précisément dans sa zone de confort. Par contre, une pelletée de médailles d’or, une grande athlète du Québec, commanditée par une entreprise d’ici? Là, on a un sujet.
Je reçois l’appel de son recherchiste. Un peu surpris j’avoue. Pour moi, Ron, c’est du hockey. Mais on ne refuse pas une invitation de parler de Chantal et de son commanditaire à un aussi vaste auditoire alors me voilà en ondes avec le Prophète.
L’entrevue va bien, on est dans le très positif. Je lui raconte que ça fait déjà six ans que le partenariat existe, que tout le monde en est bien content. Ron s’en va dans la direction « Chantal Petitclerc est chanceuse de pouvoir compter sur Alcan », je le contredis (gentiment) en disant que c’est plutôt la compagnie qui est chanceuse d’avoir une ambassadrice de ce calibre. Bref, tout ça se passe sans surprise quand…
Ron se met à chanter.
Sur l’air de « Halte-là, halte-là », il se lance dans un aussi vibrant qu’improvisé : « Alcan, Alcan, Alcan, Alcan est là, Alcan est là! ». Il a peut-être fait un autre couplet mais franchement, rendu à ce point, j’essayais juste de retenir mon fou rire.
Il a fini sa toune, m’a demandé de dire bonjour à Chantal (pas de problème) et à « tout le monde chez Alcan » (un peu plus difficile, ça, tout de même), on s’est dit au revoir.
J’ai raccroché le téléphone. Un vrai téléphone avec une vraie ligne et un vrai fil. 2004. Je me suis dit que je venais de vivre un moment, le genre d’affaire que je devrais raconter « un de ces jours ».
Voilà. Un de ces jours, c’est aujourd’hui.
Bonne retraite, Ron.