Parti courir, no 50. 4 octobre 2020.
Je suis parti courir. Un peu songeur. Les médias parlaient tous de Donald Trump, hospitalisé après qu’on ait appris qu’il a attrapé la Covid-19. Le karma. La parfaite démonstration du fait que quand tu cours après le trouble, parfois, pas toujours mais parfois, tu finis par le rattraper.
J’ai été élevé, comme la plupart d’entre vous, en catholique, avec des valeurs dites chrétiennes. On ne souhaite pas de malheur aux autres.
Oui, mais là…
Je cherchais comment réconcilier mes « valeurs chrétiennes » et ce que je pense en réalité. Je tournais un peu en rond quand la solution m’a frappé. Un Mulligan. Comme au golf.
Explication pour les non-golfeurs. Un Mulligan, c’est une convention entre les membres d’un quatuor. Le droit de reprendre un coup raté. Ça n’existe pas pour vrai dans les règlements du golf et il y a toutes sortes de versions. Ça peut être la reprise du premier coup de départ de la journée ou d’un coup de départ, n’importe lequel pendant le 18 trous. J’ai aussi vu un Mulligan par neuf trous et même une version applicable à n’importe quel coup, peu importe l’endroit sur le terrain, une fois par partie.
Vous avez compris le fonctionnement : en gros, tu manques ton coup, tu as le droit à une reprise, sans pénalité. Il suffit de dire aux partenaires : je prends mon Mulligan!
Imaginez pouvoir profiter de la même chose dans la vie de tous les jours. Une grosse erreur de jugement, une mauvaise décision qui va vous mettre dans le trouble et vous coûter un bras? Pas de problème, on prend un Mulligan. On efface tout et on recommence.
Revenons au clown de la Maison-Blanche. Je ne lui souhaite pas le pire. Mais disons être très, très malade, se traîner pendant des semaines. Je dirais bien « malade comme un chien » mais je ne voudrais pas être accusé de cruauté. Envers les animaux.
Il s’en remet, suffisamment pour s’installer devant la télé le soir des élections. Il assiste alors à sa défaite, une dégelée sans appel, tellement puissante que personne ne peut prétendre à une forme quelconque de manipulation du vote. Il sort de la Maison-Blanche, cul par-dessus tête, abandonné par tous, surtout pas son propre parti. Les républicains sont de grands pragmatiques. Loyaux,tant que c’est utile et avantageux de l’être.
Enfin, ayant perdu la quasi immunité que lui procure la présidence, il doit affronter les tribunaux pour des dizaines de causes allant de l’agression sexuelle jusqu’à la fraude fiscale en passant par la responsabilité criminelle dans des dizaines de cas où il a encouragé le comportement dangereux de ses supporteurs. Condamné, on le voit entrer en prison. Pire, dépeigné!
Oui, je reconnais que du point de vue de la charité chrétienne, tout ça c’est un peu lourd. Idéalement on devrait avoir suffisamment de compassion pour se retenir d’avoir pareilles pensées. Mais pas cette fois, pas avec lui. Non seulement j’assume les paragraphes précédents, j’aurai tout de même une bonne conscience.
Je prends mon Mulligan.