Parti courir, no 80. Le 22 décembre 2021

Je suis parti courir. J’ai trouvé mon chemin sans difficulté, pris chaque rue sans hésitation, contourné les obstacles facilement et je n’ai fait aucune rencontre louche. Rien d’anormal.

Si je vous dis que ça se passe comme ça dans ma vie, mes rêves, eux, sont pas mal plus compliqués depuis quelques jours. Je suis retombé dans le même état que pendant quelques mois l’an dernier, celui des rêves pandémiques. 

Le fil conducteur de ces nuits agitées est que je suis pris quelque part. Édifice à bureau, quartier résidentiel, série de corridors identiques, stationnement souterrain. Pas moyen d’en sortir. Dans mes rêves, je ne panique pas. Je suis juste ben ben tanné. 

Nul besoin d’être un psy de télévision ou un autoproclamé coach de vie pour interpréter ça : pris, pas moyen d’en sortir. Ça vous dit quelque chose?

Le concept est pas trop original mais je dois donner au moins une chose au réalisateur qui gère le studio de mes rêves, il trouve souvent le moyen d’introduire un rebondissement inattendu dans le scénario. 

Prenez celui d’il y a deux jours. Je parcours les salles de ce qui a l’air d’être un hôtel, un centre de conférence. Beaucoup de monde, des discussions animées, une ambiance résolument joyeuse. Je me promène de groupe en groupe pour finir par m’accouder au bar et entreprendre une jasette avec Serge Trudeau.

Serge Trudeau? 

Serge Trudeau! 

J’ai connu Serge au Cégep de Jonquière puis comme collègue à la radio au Saguenay fin des années 70. Un bon gars, un chroniqueur de sport qui n’avait absolument aucun talent athlétique. Ça arrive. Avec des cheveux roux en coupe Afro. 

Ça aussi ça arrive. 

Collègue, connaissance, pas plus. J’ai quitté la radio, Serge est parti du Saguenay, aucune idée de ce qu’il est devenu ensuite.

Alors, de toutes les personnes que j’ai connues et connais encore, amis, famille, voisins, le monde avec qui j’ai travaillé, les coéquipiers, les relations d’affaires, etc., est-ce qu’on peut m’expliquer comment il se fait que, de tout le contenu du carnet d’adresse de ma mémoire, ce soit le nom de Serge Trudeau qui sort, 40 ans après notre dernière rencontre ?

Ça va prendre plus qualifié qu’un psy de télé pour l’expliquer, celle-là.

Mais, bon, dans mon rêve, je ne me posais pas cette question. On est parti Serge et moi faire le tour de la place, saluant tout le monde (évidemment, je connais tout le monde, c’est un rêve!). On a essayé d’ouvrir je ne sais plus combien de portes, avant de finalement prendre la fuite dans une en auto dont on a trafiqué le démarreur. On a parcouru 100 mètres… avant de devoir s’arrêter pour laisser passer une série d’enfants qui débarquaient d’un bateau d’immigrants. 

Cherchez pas à comprendre. 

Mon cerveau avait dû commencer à surchauffer, c’est à ce moment que je me suis réveillé. Libre. 

Comme je vous le disais, je n’ai aucune idée de ce qu’est devenu Serge Trudeau. Alors je me permets un petit message pour lui, que j’envoie dans l’univers : où que tu sois, j’espère que les choses se passent bien. Au plaisir de se recroiser… quelque part de réel ou pas.

Et la prochaine fois, si tu pouvais penser à apporter le trousseau de clé, ça serait parfait. 

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