Parti courir, no 112, 17 mars 2024

Je suis parti courir. Les pieds sur un tapis roulant, la tête à Chambord, une semaine plus tôt. Après le troisième et dernier match du Tournoi des familles, on vivait en équipe un moment que seuls les joueurs et les joueuses de hockey peuvent véritablement apprécier : relaxer, une Coor’s Light en main, en « combine » trempée de sueur, dans un vestiaire rempli de sacs d’équipement.

Mon regretté ami Alain se plaisait à dire qu’il n’y a rien de plus égalitaire qu’un vestiaire de hockey : t’es capable de jouer, t’as une place. Ça vient de tous les horizons dans notre équipe. Un chirurgien alterne à la défense avec un enquêteur de la SQ; un prof de philo pilote un trio flanqué d’une technicienne en architecture, d’un mécano de l’armée ou d’un ingénieur industriel. 

On était donc là, baignant dans l’odeur de la bière et des équipements, à revisiter les bons et moins bons coups de la partie. Les bons coups sont magnifiés, les mauvais facilement pardonnés. Sûr que les auteurs des mauvais coups se font taquiner mais, règle générale, la charité chrétienne prévaut. On gagne en équipe, on perd en équipe. Cette année, on a perdu plus que notre part. Fiche de 0-3 pour les Ménard au Tournoi des familles. 

Pas grave, le hockey, c’est juste un prétexte pour se revoir.

Le principe du tournoi est simple. On part d’un individu et tous les membres de l’équipe doivent avoir un lien de parenté avec celui-ci : fils et filles, cousins, beaux-frères et nièces, tout le monde sur la glace. Dans notre cas, le lien c’est mon beau-frère Germain, notre coach. Limite minimale d’âge 15 ans, chaque équipe doit compter au moins un joueur de 50 ans et plus, ainsi qu’au moins une joueuse. 

Je me charge du critère « 50 ans et plus », tandis que Jessica, Claudie et Maryline assurent la représentation féminine. 

Jessica, c’est notre Gallagher. Pas le plus gros format mais tenace comme le mausus. Y’a un gars de 6,3 de la famille Tremblay (on est au Lac, évidemment il y a une équipe de Tremblay) qui se demande encore c’est quoi le taon qui lui arrachait toujours la rondelle. Claudie, elle, ne joue qu’une fois par année, à ce tournoi, mais ça ne parait pas. Une naturelle. Quant à Maryline, sa présence cette année constitue en soi un exploit…

Maryline, conjointe du neveu Éric, belle-fille de Germain, assistait depuis plusieurs années, au tournoi en spectatrice. Spectatrice, c’est pas son genre. Elle n’avait jamais joué au hockey? Pas grave, ça s’apprend. Elle s’y est mise cette année, à raison de 2-3 matches par semaine. Elle patinait un peu mais pour ce qui est du hockey, elle partait de loin : Une ligne bleue, pourquoi une ligne bleue? N’empêche, elle a tellement progressé rapidement qu’elle peut déjà tenir son bout avec nous.

Elle a même obtenu son premier point dans l’uniforme des Ménard, une passe, sur un rare but de votre humble serviteur. Maryline a enlevé la rondelle à un défenseur pour foncer en zone adverse. Je l’ai suivie, flairant la bonne affaire. On s’est retrouvé à deux devant le gardien. Elle m’a passé la rondelle que j’ai lancé pour un but « classique Guy Ménard ». C’est-à-dire que j’ai tiré en plein sur le gardien. Généreux, il m’a offert une deuxième chance avec un retour parfait devant un but vide. Même moi je ne pouvais manquer celle occasion-là. 

Oui, je pouvais la manquer. Ça m’est arrivé. Plus d’une fois. Mais pas ce coup-là.

Autre recrue cette année, mon partenaire à la défense, Mathis, 15 ans, le fils de Claudie, le petit-fils de Germain. Seulement 15 ans mais déjà 6 pieds, il joue dans le programme Sport-études de son école. Bon coup de patin, bonnes mains, bon sens du jeu. Une grosse acquisition dans le plan de reconstruction de notre équipe. 

Parce que oui, on parle de reconstruction, comme les professionnels. On a sensiblement le même alignement depuis toujours, on est dû pour une phase de rajeunissement. Dans ces cas-là, les vétérans sont visés et on essaie de les échanger ou de les pousser à la retraite. Je suis quasiment trop vieux pour le tournoi de la FADOQ, c’est sûr que je me sens concerné.  

J’en étais là, Coor’s Light en main, en combine trempée de sueur, pas trop optimiste sur mon avenir de hockeyeur quand j’ai réalisé que je n’avais absolument rien à craindre. En fait, ma place est mieux protégée que celle de n’importe quel joueur professionnel. 

Mieux qu’un salaire élevé me rendant difficile à transférer, mieux qu’une clause de non-échange, mieux que l’adulation des fans, je possède la garantie absolue de mon importance pour le club Les Ménard…

C’est moi qui fournit les chandails! 


1 commentaire

yves · 17 mars 2024 à 21h46

La chambre des joueurs la seule place au monde après une game où la bière(la première) est la meilleure au monde Ça me donne de faire un retour….POur les chandails disons que tous les goûts sont dans la nature… mais que voulez-vous ça prend un chandail de toute façon

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