Parti courir, no 20. 13 mai 2020.
Je suis parti courir. Pas trop vite et pas trop loin pour mon premier galop post vertige. Un rodage, un peu comme à l’époque où les voitures neuves venaient avec une période où il fallait d’abord rouler doucement, question de laisser la mécanique se placer. Après une pause de plus d’une semaine, une sortie à petit train s’imposait.
Je suis passé sur les terrains du Fort-Chambly. Même par une journée frisquette de printemps pas convaincant, le site est toujours beau. J’en ai profité pour saluer une vieille connaissance, Jean-Maurice. Jean-Maurice-Josué Dubois Berthelot de Beaucours, de son nom (très, très) complet.
On dira ce qu’on voudra, pareil nom, c’est un puissant incitatif à apprendre l’alphabet. À lui seul, il en prend plus de la moitié1. Essaie de rentrer ça sur un formulaire du gouvernement, un panneau de rue ou encore dans la liste des contacts de ton iPhone2. On n’imagine même pas son adresse courriel…
Gardons ça simple, je me contenterai de l’appeler Jean-Maurice. Ce Jean-Maurice, il est installé en permanence sur le site, une illustration grandeur nature, en compagnie de quelques personnages importants de l’histoire du fort. J’habite Chambly depuis 1996 et pas loin du fort depuis 13 ans. J’ai dû passer devant lui au moins… 400 fois? À la marche, à la course ou en vélo, de jour et de soir, par 25 et moins 25 degrés, quand les lieux sont déserts et même lors du Festival bières et saveurs quand on peine à avancer tellement il y a du monde.
Je n’avais jamais pris le temps de m’arrêter devant lui.
Pourquoi aujourd’hui? Aucune idée! Mais son nom si compliqué ne m’a pas lâché de la course. Si bien que je suis retourné au site à bicyclette pour enfin prendre le temps de m’informer sur J.M. (on est intime à ce point). Jean-Maurice était officier de la marine française et ingénieur. C’est à lui qu’on doit la conception du fort en pierres, construit entre 1709 et 1711.
Un fort en Nouvelle-France, ça serait déjà une pas pire réalisation à mettre dans son C.V. J.M. a fait beaucoup plus. On lui doit toute une série d’ouvrages importants, notamment à Trois-Rivières, Montréal ainsi que les fortifications de Québec et les célèbres portes, Saint-Jean et Saint-Louis.
En pédalant vers la maison je me suis rappelé que la dernière fois que j’avais utilisé mon Fat Bike, c’était il y a exactement deux mois, à Québec. Notre dernier week-end de liberté. On avait annulé la Floride à la dernière minute et compensé par quelques journées vélo-restos. On a beaucoup marché dans le Vieux-Québec. Passé une dizaine de fois par les portes, Saint-Jean et Saint-Louis.
Je n’ai jamais pris le temps de m’arrêter devant elles.
Je réparerai l’erreur à la prochaine occasion. Je dois bien ça à mon vieil ami Jean-Maurice-Josué Dubois Berthelot de Beaucours.
- 15 lettres sur les 26 de l’alphabet. J’admets qu’avoir pris le temps de faire ce décompte, c’est clairement un cas « de trop de temps disponible ».
- Ça aussi je l’ai essayé. Même excuse.