Parti courir no 95, 21 octobre 2022
Je suis parti courir. En passant devant une haie d’honneur. Oui, une haie d’honneur. D’écureuils. En tout cas, j’ai interprété ça comme une haie d’honneur. Il y en avait deux d’un côté de l’allée, un de l’autre, les trois sont restés immobiles quand je suis passé, ce qui n’est pas du tout leur comportement habituel.
Charmante attention de leur part qui ne m’a pas surpris plus qu’il le faut. Je sais que depuis quelques jours, mon statut auprès des écureuils a beaucoup changé. Depuis quelques jours, je suis pour eux une espèce de héros et je ne dis pas ça pour me vanter.
OK, je dis ça exactement pour me vanter.
Un héros je disais. Peut-être pas mais, au minimum, dans la communauté des écureuils de Chambly, je suis devenu pas mal « Big ».
L’autre jour, j’ai sauvé un écureuil de la noyade.
Si vous avez dans la tête des images de style « Alerte à Malibu » où j’arrive à la course au ralenti dans mon Speedo rouge avec une bouée de sauvetage à la main (et accessoirement Pamela Anderson dans mon sillage), arrêtez ça tout de suite :
- On ne veut pas imaginer ça
- C’est pas comme ça du tout que ça s’est passé.
Voilà ce qui est arrivé. Je sortais tranquillement de la maison quand j’ai entendu un clapotis dans la piscine. Un écureuil essayait désespérément d’en sortir. Malheureusement, le niveau d’eau était juste assez bas pour qu’il puisse mettre la patte sur le rebord de ciment mais impossible pour lui de s’y accrocher.
Je ne sais pas s’il y était depuis longtemps. Il avait encore de l’énergie mais, complètement paniqué, il se lançait dans toutes les directions, mettait la patte sur le rebord, glissait et recommençait sans arrêt.
Pauvre lui, il fallait que je fasse quelque chose pour le tirer de là. Heureusement, la puise de la piscine était toute proche. Alors je l’ai glissée dans l’eau et j’ai commencé à suivre l’écureuil avec le long manche pour passer le panier sous lui. Ça nage tout de même vite, ces petites bêtes là!
Après quelques tentatives infructueuses, j’ai fini par avoir un bon angle et j’ai soulevé l’écureuil hors de l’eau pour le faire atterrir sur la pelouse. On dira ce qu’on voudra, un écureuil tout trempe, c’est pas joli. Et ça court terriblement vite. Il est parti sur les chapeaux de roues, sans un merci.
Ingrat, que je me suis dit.
Mais depuis, « ils » se reprennent. Au lieu de se sauver, les écureuils de ma cour prennent maintenant le temps de me saluer, debout sur les pattes arrière, en faisant un petit signe de la tête.
Du moins, je pense que c’est ça.
Et puis hier, cette haie d’honneur qui m’attendait au départ de la course.
Du moins, je pense que c’est ça.
Aussi, je me demande si la piscine n’est pas devenue un lieu de pèlerinage. Maintenant que la toile est installée, les écureuils viennent se promener dessus, l’air de se dire « c’est bien là? », « il a tellement dû avoir peur », « un héros, je te dis, un héros ».
Du moins, je pense que… non. Faut quand même pas exagérer. Même moi je ne croirais pas celle-là.
C’est quoi la suite. Une statue dans un arbre? Une médaille de l’Ordre des écureuils de la Montérégie? Une réserve de noix pour l’hiver?
J’espère juste qu’ils n’auront pas l’idée de se cotiser pour m’acheter un Speedo rouge. Merci mais non, merci.
2 commentaires
Johanne · 22 octobre 2022 à 11h50
Encore une belle histoire distrayante.
Odette · 31 octobre 2022 à 14h29
J’ai bien peur que tu ne soies plus jamais seul pour te beigner, l’été venu….
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