Pour écouter la version audio

Parti courir, no 64. 8 février 2021.

Je suis parti courir. Non, marcher. Même pas vite. Toujours cette élongation musculaire qui s’étire. Vous me direz que c’est normal qu’une élongation s’étire, c’est pas mal dans la définition mais tout de même. Suffisamment embêtant pour que je doive consulter la physio… par Zoom. À suivre. 

Si j’avais couru, j’en aurais profité pour écouter Tony Bennett. Oui, Tony. Il y a des coureurs pour qui la musique sert de métronome. À moi, elle sert de divertissement, juste quelque chose pour m’éviter d’être trop dans la monotonie des pas. Pour vous dire, j’ai souvent couru sur du Safia Nolin qui, on le reconnaitra, n’est pas la musique la plus « hop la vie » qu’on puisse trouver.

Tony Bennett, donc, pour les souvenirs. J’apprends qu’il est atteint de la maladie d’Alzheimer. Il a 94 ans, on l’a diagnostiqué il y a maintenant deux ans. Il aura fait un beau parcours, vous me direz. Quand même. 

Récemment, sa famille a accepté qu’un journaliste* passe quelques moments chez lui. Ça confirme ce que je savais déjà puisque ma mère est décédée des suites de la même maladie : l’Alzheimer est terriblement cruelle.

Le vieux crooner en est maintenant à l’étape où il n’a pratiquement plus d’interaction avec les autres. On lui parle et il regarde à peine. S’il répond, c’est en monosyllabes et en sourires confus. 

Toutefois, comme c’est parfois le cas pour les artistes, il est encore totalement présent pour la musique. Chaque semaine, son pianiste vient lui rendre visite pour « répéter ». Le journaliste a eu droit à un concert privé d’une heure, dans un appartement de Manhattan, avec un Tony Bennett très en voix qui ne manque pas une note, pas une parole. Dès le premier accord, il renaît. Un moment de grâce.

Pas de la génération des premiers fans de Tony Bennett, je l’ai découvert un peu par hasard. En écoutant le genre de chose qu’on entendait dans les films de Woody Allen, la musique de Gershwin, ce qu’on appelle le « Great American Songbook ». Plus tard, il y a eu l’album d’un concert à MTV et Anthony Benedetto (son vrai nom, puisque vous me le demandiez) est devenu une improbable rock star.

Après, lui et moi on ne s’est jamais lâché. Je l’ai vu en concert en 1997 au Festival de Jazz. Fabuleux. Il nous avait fait le coup de la chanson sans amplification. Comme dans le show de MTV. Dans la grande salle de la Place des Arts, il en faut du coffre. Il avait aussi fait quelques chansons avec « une jeune amie dont vous entendrez parler », Diana Krall. Fabuleux, je vous dis. 

J’ai achalé mes amis pendant des années avec « Fly Me to the Moon » qui sortait toujours dans ma playlist. Au point où ils se sont organisés pour le faire interpréter un peu comme un hymne, lors de mon party de fête de 50 ans. 

Tout ça pour vous dire que ça m’a bien attristé, cette semaine quand j’ai lu l’article. Oui, il a 94 ans. Oui, la musique restera, immortelle.

N’empêche. Un immortel, ça ne devrait pas mourir. 

* John Colapino : Tony Bennett’s Battle with Alzheimer’s https://www.aarp.org/entertainment/celebrities/info-2021/tony-bennett-alzheimers.html

Faites-vous plaisir en écoutant Tony Bennett, sans amplification, à MTV. https://youtu.be/VLjXbkSm8B4


2 commentaires

Benoit Bouchard · 8 février 2021 à 19h44

Merci Guy. Tony Bennett c’est l’Amérique quand elle est authentique.J’ai écouté pendant des heures(quand je pouvais le faire)ce meddley de chansons célèbres avec de grandes artistes féminines(Barbra Streisand,Céline Dion,Diana Krall, Lisa Minelli) .la musique que j,aime: pop,jazz.Tu ne peux pas t’imaginer comment la musique me manq
ue.

    Guy Ménard · 9 février 2021 à 10h41

    Bonjour Benoit. Je me sens presque coupable de vous avoir rappelé à quel point la musique peut vous manquer. Mais au moins je me dis que ce sont d’excellents souvenir. Merci d’être un fidèle lecteur!

Les commentaires sont fermés.