Parti courir, no 22. 18 mai 2020.
Je suis parti courir. Pas avant de m’assurer que Mme Ménard, Denise, avait tout ce qu’il lui fallait à la portée de la main. Au singulier la main. Parce que pour les prochaines semaines, elle en a seulement une de fonctionnelle. L’autre, soutenue par une attelle, elle la garde collée contre elle, comme un joueur qui cache ses cartes au poker.
Mme Ménard a glissé lors de nos travaux de la catégorie « jobs plates qu’on a reportées autant que possible ». J’ai entendu le bruit de l’escabeau, j’ai vu Denise glisser le long de la paroi de la piscine, dans une excellente interprétation du mouvement approprié pour déboiter une épaule. S’accrocher à un pinceau lorsqu’on chute, c’est semi-efficace. Nul besoin d’une formation médicale c’était assez évident comme résultat. Ça avait l’air vraiment douloureux.
Pas question de la déplacer, on fait quoi? Air Médic? Pas commode mais juste pour voir Mme Ménard se faire extraire d’une piscine vide par un hélico ça aurait valu la facture. Bon, soyons raisonnables, un coup de 911 plus tard, ce sont deux paramédics qui ont pris la situation et Denise en main.
Première étape, la remettre sur pieds. La patiente, pas si patiente que ça finalement, se demandait bien comment ils allaient s’y prendre pour la relever sans causer trop de mal. Réponse d’un des paramédics : « Madame, je vais vous soulever en vous tirant par le fond de culotte ». Honnêtement, je n’avais pas entendu cette phrase-là depuis les belles années de la lutte à la télévision. Je ne sais pas si c’était de l’impro ou si ça fait partie de leur formation. Redoutablement efficace. Je retiens la méthode, on sait jamais quand ça pourrait servir.
Quelques minutes plus tard, elle était dans l’ambulance, sans moi, Covid oblige. De retour devant la piscine, l’image était hollywoodienne. Le pot sur le rebord, la trace de peinture tout le long de la descente et finalement le pinceau. On aurait dit une scène de crime. Ne manquait que la victime et les enquêteurs. Voir photo 1. Aucune mise en scène, juré.
Quelques heures plus tard, je racontais ça à Denise qui est revenue de l’urgence avec des bonnes nouvelles. Elle s’en sortira avec une attelle pour quelques semaines et un peu de physio :
- Il manquerait juste le trait de peinture autour du corps de la victime. On le fais-tu?
- On le fait !
- HAHAHAHAHAHAHA, HAHAHA. A ajouté Marie-Lyne (elle a répondu par texto)
Alors on l’a fait. Après avoir si soigneusement repeint la piscine… en bleu piscine, on lui a ajouté cette décoration (Photo 2) que vous ne trouverez pas dans le commerce. Disons que c’est un hommage croisé à tous les bricoleurs qui en ont échappé une et à tous les amateurs de romans policiers.
Le coup d’œil devrait être spectaculaire, une fois qu’on aura fini par remplir la piscine. C’est tellement moins dangereux quand il y a de l’eau.