No 114. 30 mai 2024

Je suis parti courir. Non, plutôt marcher et encore, sur la pointe des pieds. Il était 5h00, tout le monde dormait encore dans le bâtiment. Je suis sorti m’asseoir dans les marches du « chalet » chez EuroSpa, regarder le jour se lever sur les champs de St-Ignace-de-Stanbridge et, surtout, mettre de l’ordre dans mes souvenirs. 

La journée de la veille avait été forte en émotion, d’où mon réveil hâtif. Pas capable de me rendormir avec le trop-plein d’images d’un trio de frappes au cœur : le Défi cyclo myélome, la participation de notre équipe Parti courir et, à ma grande surprise, une espèce de conventum personnel. 

Je commence par la fin. J’ai été associé chez Olympe de 2000 à 2018. Le myélome m’en a fait partir, d’abord en congé maladie puis après un retour à temps partiel j’ai fini par sortir pour de bon. J’ai quitté ainsi un milieu que j’avais beaucoup aimé, sans y mettre le point d’exclamation de la fin.

J’avoue, ce manque de ponctuation m’avait laissé sur une patte. Sans m’en avoir parlé, Pierre Audet, ami et président-fondateur d’Olympe, partageait, je crois, la même impression. Et comme ça, sans m’en parler, il a décidé de régler un vieux dossier en prenant prétexte du 40e anniversaire de la boite pour m’organiser une fête. Une fête à vélo. Avec quelques amis cyclistes.

Une quarantaine d’amis cyclistes!

Au Défi samedi matin, la présence subite d’un chapiteau Olympe a été le premier signe qu’il se tramait quelque chose. Je revenais de veiller au départ des pelotons de 70 et 80 km lorsque j’ai vu la tente et, sous la tente, Pierre Audet et sa conjointe Hélène. 

J’ai d’abord cru qu’ils s’étaient inscrits en cachette pour me faire la surprise. Connaissant Pierre, j’aurais dû me douter que ça ne serait pas aussi simple. En le faisant un peu parler, j’ai fini par apprendre qu’il avait invité 40 personnes pour les 40 ans d’Olympe, deux gros pelotons et que la liste d’invités avait un seul critère, le lien avec moi! En faisait foi, les gourdes fabriquées pour l’occasion, avec l’inscription « Parti rouler avec Guy ».

À partir de ce moment, ça s’est mis à défiler comme sur le tapis rouge du film de ma vie : Patrice! William! Richard! Alain! Denis! Mario! René! Guylaine! Sébastien! Jacques! Un autre Jacques! Michel! 

On s’est tous regroupé pour une photo de famille. J’ai bien essayé de leur exprimer ce que ça me faisait, non seulement de tous les voir mais encore plus de les voir à cet événement… je n’ai pas réussi à me rendre au bout de ma phrase.

 Ils ont quand même bien compris.

Après, on s’est élancé sur le parcours de 50 km, moi alternant entre les pelotons Olympe et mon équipe. 

Parce que cette année, Mme Ménard et moi nous avions pour la première fois, une grosse équipe Parti courir, un peloton complet, avec des amis (Marie, Claude, Nancy et Gino) qui se lançaient pour la première fois dans un défi de vélo, de la famille venue du Lac pour l’occasion (Lise et Camil) et avec Marie-Lyne qui avait décidé d’ajouter à ses fonctions de porte-parole du Défi, le titre important de « cycliste », entraînant dans son sillage l’autre Grande Crue, Ève, sa sœur Gabrielle, ainsi que la cousine et agente, Valérie et sa collègue Catherine.

Tout ce beau monde-là sur deux roues autour de moi. 

On a roulé doucement dans la magnifique campagne, zéro incident, une randonnée parfaite. Pour vous dire, Marie-Lyne, dont c’était la première expérience a tellement aimé ça qu’elle pense faire d’autres sorties de vélo avec sa gang cet été.

Après, il y a eu le traditionnel 5 à 7. Comme c’est moi qui l’anime, j’ai piraté un peu l’ordre du jour pour essayer de dire à mon équipe, aux amis encadreurs et aux cyclistes Olympe à quel point leur présence ce jour-là me touchait. 

Je ne me suis pas rendu au bout de ma phrase. Oui, il y a là comme une tendance.

Au souper, d’autres se sont ajoutés : un autre Sébastien, avec trois garçons! Sophie! Vanessa, avec une fillette! Tellement de monde à voir, tellement de souvenirs à se raconter. J’ai bien essayé de voir tout le monde, de leur dire à chacun ce que leur présence signifiait pour moi. Je n’ai sûrement pas réussi mais j’ai fait un vaillant effort, je vous le jure.

J’ai tellement parlé que dimanche matin, ma mâchoire était plus douloureuse que mes mollets. 

De temps en temps, je regardais Pierre, je le sentais bien fier de son coup. Lui aussi devait plonger dans ses souvenirs. Nos 18 ans à se parler pratiquement tous les jours, à partager nos bonnes et mauvaises histoires. Nos idées sérieuses ou pas. Nos joies et nos frustrations. Je vous fais grâce de la liste. C’est préférable, on tient quand même à nos réputations.

Et c’est comme ça que je me suis retrouvé assis dans les marches du chalet, café noir en main, un dimanche à 5 h00 du matin, un grand sourire béat dans la face, à repasser la vidéo de la veille. 

Le Défi cyclo myélome me fait toujours autant d’effet. Cette année j’en ai eu plus que le client en demande mais, à chaque fois c’est immanquable. Un moment de bonté humaine qui va droit au cœur. 

Douze éditions crées et tenues à bout de bras par les fondatrices, Maryse Bouchard et Francine Ducas, avec l’aide d’une magnifique équipe de bénévoles dirigée par Diane Léger et le support aux communications de Victoria Pickering et Virginie Karagirwa. Et bien sûr l’appui de la Fondation de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. 

Résultat numéro 1: plus d’un million de dollars remis à la recherche sur le myélome multiple!

Résultat numéro 2 : un boost d’énergie formidable pour quiconque y assiste. Danny Wade, un ami très impliqué dans la communauté du myélome multiple a une belle expression à propos du Défi : « Cette journée-là, il n’y a personne qui est malade! ». 

En fait, Danny, c’est vrai mais je pense aussi que cette journée-là, le myélome se tient loin. Le myélome est une créature rusée. Opiniâtre. Capable de survivre à tout l’arsenal que la science lui oppose. Mais le myélome n’est pas fou.

Quand il voit ce qui se passe au Défi, le myélome réalise que lorsqu’il s’en prend à une personne, il en motive 10, 20… 40 à se dresser devant lui. Quand il voit ce qui se passe au Défi, plus de 200 cyclistes dont plusieurs de ses « clients »; des accompagnateurs, des chercheurs, des médecins, des infirmières, tous unis par l’objectif de l’abattre, il doit commencer à réaliser que ses belles années sont derrière lui, qu’il est à la veille de ne plus être de calibre contre nous tous. 

La force du nombre est immense. Imbattable. 

Alors à l’an prochain. Encore plus nombreux.


8 commentaires

Johanne Jean · 31 mai 2024 à 7h23

Quelle belle journée pour toi Guy. Je dis toujours dans la vie on récolte ce que l’on sème. Je te souhaite de pouvoir profiter de ces récoltes encore plusieurs années et pour nous de profiter de ton écriture.🫶🏻

    Guy Ménard · 1 juin 2024 à 13h44

    Merci Johanne. C’est très gentil. J’ai beaucoup récolté cette journée-là!

Richer Denis · 31 mai 2024 à 9h13

Encore bien dit… merci pour ce beau texte. Félicitations pour ce beau parcours de vie. Quand autant de personnes se déplacent pour souligner un événement personnel, ça veut dire quelque chose. Dans mon esprit, c’est que la personne était très appréciée et qu’encore aujourd’hui elle est tout autant. J’ai toujours hâte de te lire, c’est un moment privilégié… longue vie!!!

    Guy Ménard · 1 juin 2024 à 13h43

    Merci beaucoup Denis, tu es vraiment dans mes lecteurs fidèles. J’ai vécu un moment privilégié, c’est certain. Bon été à vous deux! La vieille anglaise ne me manque pas mais la gang des autos, oui!

Virginie Karagirwa · 4 juin 2024 à 10h55

Bravo encore, Guy, et merci pour les beaux mots ! Tu l’exprimes si bien. Le Défi c’est vraiment un moment spécial où on est entouré de belles personnes. Au prochain Défi 🙂

    Guy Ménard · 4 juin 2024 à 19h41

    Tu as bien raison au sujet de la rencontre avec les gens. Du bon monde, du monde de cœur!

Maryse B. · 4 juin 2024 à 11h19

Toujours un plaisir de te lire… Très contente d’avoir gardé le secret jusqu’au jour J pour créer l’effet escompté! Mais il faut pas s’attendre à la même chose l’année prochaine.

Bon été, il s’annonce beau celui-là!!

    Guy Ménard · 4 juin 2024 à 19h42

    Je ne croyais pas que c’était possible de me jouer dans le dos à ce point… ben oui, coudonc! Bon été, salutations à Marcel.

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