POUR ÉCOUTER LA CHRONIQUE

Parti courir, no 38. 19 juillet 2020.

Je suis parti courir. À peine lancé dans la ruelle, je vois un gars derrière un camion, qui me regarde. Il se penche pour ramasser quelque chose et quand il se relève, il tient une scie à chaîne qu’il démarre en tirant la corde d’un coup sec. Inquiétant? Pas dans ma ville. Non monsieur. 

Je n’ai probablement pas lu le memo lorsqu’on a déménagé ici. Sûrement que c’était mentionné avec le premier compte de taxes : « À son arrivée, le nouveau résident devra faire l’acquisition d’une scie à chaîne. Par la suite, le dit nouveau résident devra l’utiliser aussi souvent que possible ». 

À Chambly, le ratio scie à chaîne vs maison est 1 : 1 

Du moins cette année, ça donne cette impression. Peut-être seulement le fait d’une mauvaise année, le hasard qui veut que plusieurs dans l’entourage se sont lancés dans les grands travaux (pour vous dire, il y en a un qui a décidé d’ajouter un sous-sol à sa maison, on ne parle pas de petit bricolage) ou encore parce que les grands vents ont démontré la fragilité de plusieurs arbres mais toujours est-il que mon entourage sonne comme une reprise du classique film d’horreur Massacre à la scie à chaîne.

Certaines journées, c’est le conventum de l’École nationale des émondeurs. Au moins, ça permet d’apprécier les différents styles et techniques. Certains sont équipés « grosse mécanique » avec la nacelle, le tracteur, la déchiqueteuse et les équipements de sécurité. D’autres ont l’air de sortir de la cour arrière chez Richard Séguin. En short et babouches, ils grimpent, à peine retenus par un bout de corde, en coupant tout ce qui se trouve autour d’eux. 

Si au moins ils se donnaient rendez-vous pour faire le travail tous en même temps. On aurait quelques heures solidement bruyantes mais ça ne s’éterniserait pas. Un peu comme quand vient le temps d’enlever un Band-aid. Tu tires lentement ou tu arraches. Moi, je suis dans le Team Arrache.

Désespéré, j’ai pensé appliquer la maxime « si tu ne peux pas les battre, joins-toi à eux ». Je me suis dit que tant qu’à endurer le volume sonore environnant, autant en profiter pour y glisser mes propres travaux bruyants. J’ai donc emprunté le taille-haie à moteur de mon voisin.

Je sais, je sais, ça fait amateur et petite ligue. Même pas capable de faire du bruit comme du monde. La honte. 

Alors j’ai commencé le magasinage en ligne. Pour l’instant mon choix serait basé sur la couleur. C’est la seule chose que je peux évaluer.

  • Monsieur le vendeur, ce modèle-là, il est bruyant?
  • C’est sûr que ça mène un peu de train…
  • Un peu? Je veux pas « un peu » de train, je veux le convoi au complet! La cour de triage du CN!
Catégories : Juillet 2020