Parti courir no 124, 12 juin 2025

Je suis parti courir. Je pense 20 secondes. 20 secondes. 20 secondes. Mon objectif, enlever 20 secondes à mon temps sur cinq kilomètres.

Ça a l’air de rien comme ça mais 20 secondes sur cinq kilomètres, c’est une grosse soustraction. Vous me direz que ça fait à peine quatre secondes de moins par kilomètres? Je vous répondrai que… oui… vu de même…

Bref, je n’ai pas trop d’argument. Quatre secondes sur un kilomètre c’est à la fois très peu et en même temps beaucoup, bon! Comme l’affirmait Einstein, « le temps est relatif ».

Tellement relatif que la semaine dernière. J’ai vu quatre gars rajeunir de 50 ans en une minute. Et plus tôt dans la même journée, j’avais vu une jeune femme vieillir de 50 ans en quelques secondes.

Le temps est relatif. Il file. Dans les deux sens.

D’abord la jeune femme.

Nous sommes une dizaine à nous retrouver chaque année. Un groupe d’anciens étudiants de la cohorte 1977 des Techniques des communications du Cégep de Jonquière. À chaque fois, un des membres invite les autres dans sa région pour une ou deux journées plus ou moins structurées.

À vrai dire, la principale activité consiste à placoter. Un groupe d’ancien étudiants en communication, ça va de soi, possède un certain don pour la communication. Pas de scientifiques ou d’ingénieurs dans notre groupe, non monsieur. Tous des gens ayant un profil « Sciences humaines, pas de maths ». Que du monde doué pour parler. Et pour parler, ça parle!

C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés dans le Vieux St-Eustache, à l’invitation de Sylvain et Normand. Le programme prévoyait une pause sandwich dans une sympathique boutique. La propriétaire a remarqué le niveau élevé de bonne humeur émanant du groupe :

–              Vous êtes en visite? Vous venez d’où?

–              D’un peu partout! (C’est vrai, on habite dans tous les coins du Québec)

–              Vous appartenez à une organisation?

–              Plus ou moins, nous sommes des anciens du cours de communication du Cégep de Jonquière, des finissants d’il y a presque 50 ans.

–              Ben voyons donc!!!

Et là, la dame nous explique que Béatrice (je n’ai aucune idée si elle s’appelait Béatrice. Elle avait une tête à s’appeler Béatrice. Appelons là Béatrice), sa fille Béatrice donc, présentement au comptoir de service, a justement terminé l’an dernier sa formation en communication (ATM) à Jonquière.

–              Maman : Béatrice! Ces gens-là, ils ont tous fait leur cours en communication à Jonquière! Comme toi!

–              Béatrice : Ha, allô… je travaille en production télé. Aujourd’hui je donne un coup de main à mes parents à la boutique. Vous avez tous étudié à Jonquière? Ensemble? Quand?

C’est là que Béatrice a vieilli de cinq siècles en quelques secondes. Tout à coup elle s’est vue dans 50 ans, avec sa gang d’ATM. Grisonnante, un moins vite sur patte mais, si elle se fiait sur le groupe devant elle, encore rigolote et surtout, entourée d’amis.

Je l’ai presque entendu se dire : « 50 ans de plus… ça devrait être OK ».

Plus tard, le même groupe se retrouve à l’Abbaye d’Oka pour le souper. Surprise des organisateurs, d’autres anciens de Jonquière nous y attendaient. « Renée! Charles! Michel! » 

On se saute dans les bras, on engage la conversation de rattrapage des dernières décennies, rapidement arrive le temps de s’assoir pour le repas. Une très longue table et une petite table de quatre, en extra. Spontanément, on s’installe quatre « boys » à cette table.

Et j’y rajeunis de 50 ans.

Gravel, Couture, Carroll et Ménard autour d’une table. Ce soir la table est à l’Abbaye, autrefois elle était Chez Gagnon, au Café Campus, voire même au Bock. Ajoutez Lalonde, présentement à l’autre table, et vous avez là pratiquement la moitié de n’importe quelle équipe de sport des Techniques des communication de l’époque.

On a repris là où on avait laissé. Longue mise à jour santé, famille, carrière. La vie, les amours, les enfants, les petits-enfants. La conversation allait toute seule. Les voix et les intonations n’ont presque pas changées (je sais, j’ai fermé les yeux un instant pour vérifier. Savourer).

Le temps de me dire : « 50 ans de plus… c’est OK ».


0 commentaire

Laisser un commentaire

Emplacement de l’avatar

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *