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Parti courir, no 14. 21 avril 2020.

Je suis parti courir. Moins longtemps aujourd’hui parce que j’ai frappé un mur. Pas le mur sportif de l’épuisement, pas en forme, mauvaise journée etc. Un vrai mur. Celui du salon. Il avait subi de l’infiltration d’eau il y a longtemps, la réparation était au bas de la liste des « on le fera quand on n’aura rien de mieux à faire ». 

Ça a l’air qu’on est rendu là.

Doué comme je suis, ça s’est évidemment passé comme un charme. Il faut que vous sachiez que dans ma famille, en matière de bricolage, je vis une grande injustice. Mon frère Jean pouvait faire n’importe quoi en mécanique. Mon frère Paul peut tout réussir en rénos. Ma sœur Nicole, si elle s’y mettait, je suis certain qu’elle serait meilleure que les deux premiers. Moi? Ils m’ont laissé la grammaire!

Toujours est-il que j’ai réalisé un duathlon de banlieusard, course et bizounage. Ce qui m’a valu d’affronter encore une fois les Grandes Lois du bricolage*. À titre de service public, j’ai cru utile de vous remettre les principales en mémoire :

  • 1. Ça va prendre plus de temps que prévu : 

Pessimiste, prudent, trop enthousiaste ou raisonnable, peu importe l’attitude prise par le bricoleur lors de l’estimation du temps requis, il va se planter. C’est de même. Autant se faire une raison.

  • 2. Dans les projets, le temps se mesure en « BMR » : 

Un mini projet c’est au moins un voyage à la quincaillerie. Un gros ça… perso, j’ai déjà eu des journées de cinq BMR. Quand le gars des matériaux te salue par ton prénom et que la caissière connaît le numéro de ta carte de points par cœur, c’est une journée de cinq BMR. Le confinement limite sérieusement la marge de manœuvre. Par contre, ça fournit une méchante bonne excuse pour reporter les travaux! 

  • 3. Ce n’est jamais le bon outil : 

Le bricoleur va trouver la scie ronde s’il cherche la perceuse; la sableuse s’il cherche une lampe; la masse s’il cherche l’arrache-clou. 

  • 3. 1 Première Loi corollaire. Ce n’est jamais le bon tournevis : Dans l’hypothèse où un bricoleur a la tête immobilisée en dessous de quelque chose, s’il tend la main pour attraper un tournevis sans regarder, jamais, au grand jamais, il n’attrapera le bon modèle.
    • 3.2 Deuxième Loi corollaire. Ce n’est jamais la bonne vis : Il y a trois modèles de base, en plus de tous les machins spécialisés, dans toutes les longueurs, largeurs et hybrides imaginables. Les chances pour le bricoleur de tomber sur la bonne vis du premier coup (voir l’unité de mesure BMR) sont de moins 150%. 
  • 4. Les « tant qu’à être là… », les « t’as rien qu’à… » doivent être évités à tout prix :

Même en admettant que cela pourrait partir d’un bon sentiment, l’opinion des spectateurs doit impérativement être ignorée. Du temps perdu, du trouble pour rien. Normalement il y a moyen de s’en tirer avec un « Hum? AaaaH? Hum… ». Le regard au loin, l’air occupé, ça va passer. 

Pas besoin de remercier, ça fait plaisir. Faire œuvre in(utile) c’est une seconde nature pour moi. 

*J’aimerais saluer ici la contribution de mon ami Alain Gervais, bricoleur pas plus émérite que moi, dont les travaux ont contribué à l’élaboration des Grandes Lois du bricolage. 

Catégories : Avril 2020