Parti courir, no 21. 16 mai 2020.
Je suis parti courir. Il pleuvait pas mal. C’est ce qui arrive quand on veut s’improviser Réjean. Réjean? Dans mon club de vélo, j’ai un ami, Réjean, qui est le chef des encadreurs, les gens qui escortent et dirigent les pelotons. C’est lui aussi qui dit si on part ou pas, lorsque le temps est incertain.
Pour décider ça, il consulte plusieurs sites de météo et des applications internet. Je le soupçonne aussi de faire la danse de la pluie et d’autres manœuvres occultes. C’est un peu mystérieux mais ça marche. Parfois il pleut fort partout à 17h00 et lui nous annonce qu’à l’heure du départ, 18h00, il va faire beau dans la direction où on doit aller. Il se trompe rarement.
Hier, il pleuvait mais j’avais vraiment envie d’aller courir. Alors je me suis dit que je ferais un Réjean de moi-même. J’ai consulté la météo, vérifié les cartes des tendances, regardé l’application MyRadar. J’ai cru voir un trou dans les nuages. Je me suis donc habillé rapidement et je suis parti.
J’ai vite réalisé que la voyance météorologique, c’est pas donné à tout le monde.
Il pleuvait pas mal quand je suis parti. Beaucoup cinq minutes plus tard. Encore plus vers la fin de la course. Les vêtements trempés, les espadrilles qui font « splouche » à chaque pas, impossible d’éviter les flaques tellement elles sont nombreuses. Personne dans les rues, évidemment. Les oreilles tellement mouillées que les écouteurs ne tiennent plus en place. Bref, vous l’avez deviné, c’était… formidable!
Les automobilistes devaient se dire : 1. Tu me parles d’un cave, 2. Faut vraiment qu’il ait envie de bouger. Je leur donne raison sur les deux points. Un idiot heureux. Depuis deux mois, on est tellement dans la discipline collective qu’il y avait quelque chose de très réjouissant à poser un geste un peu idiot comme courir par très mauvais temps.
Parfois, toutes les excuses sont bonnes pour ne pas bouger. Parfois, aucune n’est bonne. Pour être bien honnête, je n’avais pas vu un trou dans les nuages, je ne me suis fait aucune illusion sur ma capacité à accoter les performances de voyance météo de Réjean. Il pleuvait, ça n’allait pas arrêter avant la nuit. Au diable, j’avais envie de courir et je suis parti !
Une sortie à placer dans mon Top 3 du printemps. Avec une note discordante. Vous vous souvenez peut-être de Bruce, le gars chez Apple qui gère ma banque de musique en mode aléatoire (voir chronique no 12, Tina et Tom)? La dernière chose qu’il m’a fait entendre avant que les écouteurs ne me tombent des oreilles, c’est un classique d’Ella Fitzgerald, Blue Skies. « Never saw the sun shinning so bright. Never saw things going so right »*. Vraiment, Bruce?
*Jamais vu le soleil briller aussi fort. Jamais vu les choses aller aussi bien.