Parti courir, no 24. 24 mai 2020.
Trop de télé
Je suis parti courir. Tout se passe bien, trajet pas trop achalandé. Je cours le long du Canal-de-Chambly un endroit vraiment parfait pour le jogging. Le canal, long de 20 kilomètres, relie Chambly et Saint-Jean-sur-le Richelieu. Si vous ne connaissez pas déjà, mettez ça sur votre liste de choses à voir, d’autant plus qu’en 2020 vos vacances se prendront au Québec.
Je cours donc sur une piste paisible quand j’aperçois une camionnette stationnée près du canal. Deux costauds marchent vers le véhicule, revenant du bord de l’eau. T-Shirts noirs, gros bras, jeans. Le premier a les cheveux en brosse, l’autre une casquette qui lui cache une partie du visage. Pas l’air particulièrement sympathiques. Évidemment, la première chose qui me vient à l’esprit c’est : « ils se sont débarrassés d’un corps en le lançant dans le canal ».
Rien que ça.
En deux secondes je me ressaisis. Je sais bien que ça n’a aucun sens de penser ça. D’abord, on est à Chambly. En plein jour, c’est tout de même assez passant. Et surtout, à cette période de l’année… il n’y a pas trois pouces d’eau dans le canal! Si vous êtes dans la business de la disposition discrète des corps, il y a sûrement une meilleure option quelque part.
Je passe à côté des deux gars. Ce ne sont pas du tout des bandits, mais plutôt un tandem d’électriciens père et fils, tel qu’écrit sur leur camionnette. Ils remballent les restes de leur lunch, probablement avant de retourner au chantier.
Pourquoi j’ai commencé par le scénario des deux tueurs? C’est la faute à la télé, bien sûr. Avec le confinement, ma consommation de Netflix a fait un grand bond. J’ai enchaîné plusieurs séries intenses.
D’abord les deux saisons de Narcos Mexique, dont au moins 60% de l’histoire se déroule ainsi :
- Tu vends de la drogue?
- Non.
- BOUM!
Si le gars avait répondu Oui, il y aurait peut-être aussi eu un BOUM. La gestion de ressources humaines est assez expéditive dans les cartels de drogue.
Ensuite, j’ai enchainé avec les trois saisons d’Ozark. Le coup de fusil y est moins facile mais ça tire tout de même. Certains personnages sont cauchemardesques. Darleen! Darleen, c’est une « redneck ». Une vraie, doublée d’une trafiquante. On ne le dirait pas au départ mais Darleen c’est, comment vous dire ça poliment… une hostie de folle! On ne veut pas être du mauvais bord de Darleen. Même la Covid se sauve devant elle.
Ensuite, j’ai écouté The Last Dance. La série sur la carrière de Michael Jordan. Vous allez me dire que dans une série sur le basketball, il n’y a pas de risque de meurtre? Vous n’avez jamais vu le regard de Jordan quand il se sent insulté par un adversaire, un patron, les médias ou n’importe qui d’autre. L’expression « fusiller du regard » prend son sens.
J’en suis rendu là. Trop de télé ça déroute l’esprit. En plus, je ne suis pas parti pour sortir bientôt de cet état d’esprit puisque je viens d’entreprendre Kalifat, une série qui porte sur le terrorisme, des groupes radicaux qui préparent des attentats.
Un BOUM à prévoir. Un très gros BOUM. Inch Allah!