Parti courir no 103, 2 juin 2023

Note : Chronique  hors-norme côté longueur, j’avais bien des affaires à raconter.

Je suis parti courir. Après ma dignité abandonnée sur le bord de la route. 

Départ du Défi Cyclo Myélome, samedi 27 mai, 13h00. Je suis encadreur, j’ai la responsabilité d’un peloton. 

Pas de problème, j’ai fait ça des centaines de fois. Il faut inspirer confiance aux cyclistes de ton groupe. Comme on est au Défi, le départ se donne sous une arche, après un décompte. 3, 2, 1… Allez! Je prends la tête du groupe et, sans aucune hésitation, je pars… dans la mauvaise direction.

J’ai précédemment assisté au départ de tous les pelotons du 80 km le matin et à celui de trois autres pelotons du 49 km. C’est pas comme si je plongeais dans l’inconnu. Mais je réussis tout de même à partir dans le mauvais sens. 

Inspirer confiance aux membres de peloton je disais. Bravo Champion.

Pas trop fier, j’ai r’viré le peloton de bord et on est parti dans le bon sens pour la 11e édition du Défi Cyclo Myélome. Depuis 2020, profitant des chroniques, j’ai pris l’habitude de vous raconter « mon » Défi. Comme si je publiais ces vignettes-souvenirs sur mon réseau social personnel et privé. Appelons ça GuyBook ou Guystagram. 

Le Défi c’est… 49 ou 80 kilomètres de perfection. Météo (ensoleillé mais pas trop chaud), le parcours (95% de belle asphalte) le paysage (Bedford et les environs. Seigneur que cette région est belle) et mon groupe, des bons rouleurs disciplinés, contents d’être là. 

Le Défi c’est… une affaire de solidarité. Solidarité qui se traduit aussi chez les bénévoles, nombreux et efficaces, sous la direction de Diane Léger, une formidable organisatrice. 

Cette année, j’avais demandé aux encadreurs de mon club de vélo de Chambly s’il y avait volontaires pour m’aider à accompagner des pelotons au Défi. En quelques heures, j’avais eu le « oui » enthousiaste d’une dizaine de cyclistes expérimentés. 

Le matin, avant les départs, je leur ai dit que, pour eux, ça ne serait pas la sortie la plus fatigante de la saison mais probablement la plus valorisante : ils n’allaient pas faire de l’encadrement mais de l’accompagnement, pas avec des cyclistes aguerris mais avec des amis, des parents, des collègues pour qui 49 ou 80 km c’est un exploit, une grosse commande. Leur travail : assurer la sécurité, aider et rassurer tout ce beau monde. 

Vous dire comment ils ont été bons! Martine, Marie, Marie-Hélène, Denise, Alain, Christian, Hugues, Pascal, Roger, Sylvain, vous avez fait honneur au maillot bleu! Je vous ai déjà remerciés, je le fais encore une fois et, je lance comme ça, que si jamais vous n’avez rien de prévu pour le dernier samedi de mai 2024… 

D’autres encadreurs des éditions précédentes étaient aussi revenus au boulot cette année : Marc-André Bouchard, Pierre Fontaine, Frédéric Joannette, Charles Vanasse. Ce dernier a d’ailleurs la distinction d’être le premier encadreur dans l’histoire du Défi à finir le parcours à pied. Crevaison à 200 mètres de l’arrivée, il s’est dit « au diable, je ne change pas un flat rendu là ». Sourire aux lèvres, c’est à côté de son vélo qu’il a passé l’arche. Merci infiniment à vous quatre. On compte sur vous pour l’an prochain!

On avait même cette année un atelier mécanique, gracieuseté d’un encadreur du club de Chambly. Stéphane Alary, King de la mécanique cycliste. Une débarque de début de saison fait que Stéphane ne pouvait rouler alors il avait proposé d’installer un petit kiosque pour les mises au point de dernières minutes. 

Il est rapidement devenu le gars le plus populaire en ville, occupé à mettre les pneus à la bonne pression, huiler les chaînes grinçantes, ajuster la hauteur des selles, redresser les dérailleurs imprécis et même, quand je vous parlais de solidarité, enlever un pneu de son propre vélo pour le prêter à un participant!

Stéphane, je sais bien que tu préfèrerais rouler, va falloir trouver un moyen de te dupliquer l’an prochain.

Le Défi, c’est… l’équipe Thermolec. Grosse gang, on ne peut les manquer. Intrigué, j’ai fait ma petite enquête pour voir le lien avec le Défi. Une pas pire histoire. Jessy Ranger est à l’emploi de Myélome Canada, un organisme à but non lucratif national qui défend les droits des personnes touchées par le myélome et soutient la recherche clinique. En 2019, elle décide de faire le Défi. Elle l’annonce à son conjoint Daniel Menassa, qui veut le faire aussi. Il en parle à des collègues chez Thermolec, qui embarquent dans l’aventure. Avec les années, le groupe a pris de l’ampleur. Beaucoup d’ampleur. Ils étaient une trentaine en 2022, encore plus cette année. 

Une caractéristique, les pelotons Thermolec sont majoritairement constitués de personnes originaires des Philippines. Pourquoi? Parce que chez Thermolec, une entreprise manufacturière qui fabrique à Ville St-Laurent des composantes et unités de chauffage électrique, on retrouve beaucoup de travailleurs originaires de cette communauté tissée serrée. Le genre à dire « tu as décidé de pédaler un Défi mon chum? Je vais aller le pédaler avec toi » 

Maraming salamat, Thermolec! (Si mon philippin fait dur, je blâme Google Trad!)

Le Défi c’est… les connaissances qui sont devenus des amis, certains qu’on revoit uniquement à cette occasion, d’autres plus souvent, dans tous les cas, avec un égal bonheur. Je me permets d’en citer quelques-uns, avec mes excuses à tous les autres victimes du manque d’espace :

  • La Gang à Boulay, Jocelyn et Annie-Claude en tête d’une merveilleuse trentaine d’individus. Le genre de monde qui s’implique. Cette année, Jocelyn fournissait la sonorisation et la musique. Annie-Claude a contacté son vaste réseau pour trouver les prix de présence du cocktail. Et tous ensemble, la Gang a amassé 13 000$!
  • Christine Roger et ses collègues de Maisonneuve-Rosemont, Valérie Paquette de la Fondation Hôpital Maisonneuve-Rosemont, Jessy Ranger de Myélome Canada, les Dr Leblanc et Roy et avec eux, les membres de l’équipe de la Chaire Myélome Canada. Aussi, les représentantes des pharmaceutiques qui commanditent le Défi. Au cocktail, on a demandé à quatre d’entre elles de venir nous parler. Julie Gauthier d’Amgen, Marie-Josèphe Champagne de Forus Therapeutics, Manon Nadeau de Bristol-Myers-Squibb et Amélie Fontaine de Sanofi. Quatre « concurrentes » qui se sont passées le micro avec élégance et nous, on a rappelé que oui, les Pharma, c’est une industrie mais que leur produit c’est la santé, leurs clients, des humains, comme nous, qu’elles sont vraiment contentes de se rencontrer au Défi, en bonne forme. Chapeau mesdames! 
  • Odette et Rapha. J’ai connu Odette au Défi de 2018. On m’avait demandé de faire un petit speech au souper, j’y avais parlé de l’importance de l’entourage, citant mes Boys de hockey. Odette était venue me voir après pour me dire qu’elle vivait exactement la même chose avec ses Girls du soccer. On se met à jaser, ça clique. On découvre qu’on est tous les deux du Lac-Saint-Jean et même que je connais son frère avec qui j’ai fait du sport, il y a longtemps. Depuis, au Défi, on soupe ensemble. L’an dernier, Odette arrive avec une jeune femme sur qui pas mal de tête se tournent. Un mannequin? Non, sa fille Raphaëlle, une athlète. Elle joue au tennis universitaire aux États-Unis, termine un bac en finances (rien que ça) tout en était parmi les meilleures joueuses de double de la NCAA. 

Encore cette année, on jase avec Raphaëlle. C’est une vieille âme, intéressante et intéressée. Cette année, j’apprends qu’elle a changé de Collège, qu’elle est maintenant à l’Université du Nebraska. Moi le sport universitaire américain, je connais ça un peu :

  • Nebraska? Les Cornhuskers? 
    • Ben oui! (je vois dans le visage de Raphaëlle qu’elle est tout de même un peu surprise que je connaisse le nom de l’équipe).
    • Ils ont un programme de football fameux.
    • Oui et toutes les autres équipes de sport en profitent. On est super bien traité, l’équipement, les infrastructures, les transports, le gear… 

Note : le « gear » ce sont les vêtements griffés au nom de l’université que les athlètes reçoivent. À U. Nebraska, selon Raphaëlle, ils en ont presque trop. 

Alors j’ai osé un grand coup, je me suis tété un vêtement aux couleurs du Nebraska. Raphaëlle m’a promis qu’elle m’en apporterait un l’an prochain! Go Red! 

Le Défi c’est… Marie. Marie-Lyne Joncas de son nom complet de fille et d’artiste. Pour moi, depuis toujours juste Marie. Fière porte-parole du Défi Cyclo Myélome depuis 2018, elle en parle dès qu’elle en a l’occasion et a amené pas mal d’argent à travers sa participation à des émissions de télé ou un projet comme celui des bijoux Créatival (qui a déjà rapporté 3178$, montant que Marie a pris l’initiative de doubler).

Cette année, elle avait pu faire un trou dans son horaire de fou et venir accueillir les cyclistes à l’arrivée et au cocktail. Denise et moi, on était tellement fier de la voir là et d’admirer son interaction avec les gens. Tout le monde voulait une photo, une petite jasette, une salutation; tout le monde a eu sa photo, sa petite jasette, sa salutation, avec en prime un grand sourire, une main sur l’épaule, un fou rire. C’est une grande pro, elle est aussi sympathique qu’elle en a l’air à la télé et c’est notre fille. On s’entend que l’impartialité a pris le bord ça fait un bon bout de temps. 

Au cocktail, dont j’assurais l’animation, j’ai essayé de lui dire ce que je viens de vous dire. Le micro est tombé en panne! Non, le micro n’est pas tombé en panne, je suis tombé en panne. Braillard, je me suis rendu au milieu de la première phrase. Mais Marie a lu le reste dans mes yeux, elle m’a pris dans ses bras et ça a donné une formidable photo qui raconte tout (Merci Sébastien Arribas). 

Le Défi c’est… une ovation : Celle, tellement mérité, qu’on a fait à Maryse et Francine à la fin du cocktail. Une vraie de vraie ovation, debout et longue. Je pense que je peux cocher la case « faire pleurer Maryse et Francine ». À pas loin d’un million de dollars que la recherche montréalaise sur le Myélome vous doit, c’est la moindre chose mesdames!

Et le Défi, c’est… Bernard 

Bernard est un vétéran du Défi. Je vous avais parlé de lui après l’édition 2022 (chronique 88, mai 2022). Son premier Défi depuis le décès de sa femme Nicole, un moment très émouvant. On s’en était parlé après, le cœur dans l’eau tous les deux. Depuis, j’ai avec lui, je crois, un contact privilégié. 

On s’était vu quelques minutes à l’arrivée et au cocktail mais là, à la fin du souper, Bernard est venu se tirer une chaise à côté de la mienne. 

  • J’en ai une bonne à te raconter. Il est arrivé quelque chose. En finissant cet après-midi.
  • T’es pas tombé?
  • Non. Nicole, dans les dernières années ne pouvait pas rouler, elle se déplaçait avec une marchette. Elle s’installait sous l’arche avec une cloche et elle accueillait tous les arrivants. 
  • Ben oui, je me souviens de la dame avec une cloche.
  • Aujourd’hui, quand je suis arrivé, j’ai entendu une cloche
  • Y’en avait pas de cloche.
  • Je l’ai entendu assez clairement pour que je regarde autour de moi. Personne n’avait une cloche à l’arrivée. Mais je te jure que j’ai entendu une cloche. 

Ça ne s’explique pas mais on le sait bien. Nicole était là avec sa cloche. Elle attendait son Bernard à l’arrivée.

Fidèle au poste. 


3 commentaires

Yves bernard · 3 juin 2023 à 9h02

Tant qu ‘il y aura des gens comme votre groupe qui croit en la solidarité pour vaincre l impossible l espoir et la reussite seront gagnants bravo à tous et à ti-Guy de nous faire vivre textuellement

Bernard Lemay · 6 juin 2023 à 14h42

Bravo Guy!

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