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Parti courir, no 13. 19 avril 2020.

Je suis parti courir. Le premier pas a fait mal. Le deuxième aussi. Selon mon Apple Watch, je devais en faire un peu plus de 10 000, alors disons que ça ne s’annonce pas très bien. Il y a des journées à la course où ça va tout seul, d’autres où c’est du gros travail.

Aujourd’hui, ça sera clairement dans la deuxième catégorie.

Souffle court, un bagel encore de travers dans la gorge, le genou gauche qui se plaint. J’entends dans mes écouteurs le Bip à un kilomètre. Un! Rien qu’un, est-ce que je retourne? Bon, on va se rendre à deux et on verra. À trois et on verra. À quatre… rendu là, une fois réchauffé, autant continuer. D’ailleurs, signe que je suis réchauffé, je vois une goutte de sueur qui perle sur la palette de ma casquette, côté droit. 

Une goutte, pas plus, je vous le jure. Des fois que vous auriez des relations avec les Tontons Macoutes de la course qu’on croise parfois. Ceux qui vous regardent comme si chaque joggeur était entouré d’un grand nuage de particules, toutes animées des pires intentions et prêtes à sauter sur les marcheurs. 

Si j’étais un champion qui fait le marathon en 2 heures quelque, je veux bien croire que je produirais pas mal de particules mais personne ne me confondra jamais avec le Kényan Eliud Kipchoge, notamment parce que je suis deux fois plus lourd et trois fois moins rapide que lui. 

En fait, à la vitesse à laquelle je cours, « mes » quelques particules ont le temps de sortir, regarder le paysage autour, jaser un peu entre elles et revenir sur moi pour profiter d’un transport confortable et peu mouvementé. 

N’empêche que j’ai la goutte de sueur suspecte, alors je me sens dans l’obligation de la gérer. Dès que j’aperçois quelqu’un arrivant en sens contraire, je fais discrètement un peu de ménage. J’ai perfectionné le mouvement avec l’expérience. L’air d’ajuster ma casquette ou mes lunettes et hop!, ni vu ni connu, un petit balayage de droite à gauche. 

Non, mes amis, on ne me prendra pas à faire de la dispersion de particules sur des piétons innocents. Ou même à avoir l’air de faire de la dispersion. Je n’ai pas encore vu les policiers sur la bande du canal mais on ne sait jamais. Faudrait pas qu’au moment où on commence à entrevoir le déconfinement, je me retrouve avec un sabot de Denver sur les espadrilles!

Catégories : Avril 2020