Parti courir, no 28. 4 juin 2020.
Je suis parti courir. Pour une rare fois dans un décor différent. Le long de la rivière à Saint-Jean-sur-le-Richelieu en attendant que mon épouse, Mme Ménard, également connue comme la cascadeuse de la famille, rencontre son orthopédiste. Pour connaître les raisons de la présence de Mme Ménard chez le spécialiste, je vous réfère à la chronique numéro 22, « La scène du crime ».
J’avais donc plus d’une heure à brûler, autant en profiter pour travailler le cardio. Je dis plus d’une heure mais finalement le rendez-vous s’est déroulé à vitesse Grand V. Moins de quatre kilomètres parcourus quand un texto est rentré : « J’ai fini!! ». Oups! Demi-tour.
Je retourne vers l’auto, à peine plus vite qu’à l’aller (à la course, j’ai pas mal juste une vitesse, pressé ou pas). J’aperçois au loin un pêcheur. Il devait être là quand je suis passé tantôt mais je n’en ai pas souvenir. Là, il est immanquable. Il lance sa ligne dans un grand mouvement souple, après avoir bien pris soin de regarder autour pour ne pas accrocher un passant.
J’approche, il fait une pause le temps de me laisser passer. On se regarde et je ne peux m’empêcher d’aller aux nouvelles :
- Ça mord?
- Oui, j’ai attrapé deux brochets et un achigan.
- Une bonne journée?
- Monsieur, c’est une journée formidable!
Rien que ça. « Une journée formidable »! Dans les derniers mois vous avez souvent entendu ça, vous, quelqu’un vous dire qu’il passait « une journée formidable »? Moi, pas trop souvent.
Sa réponse m’a fait sourire. Je lui ai fait un petit signe d’approbation, en essayant d’avoir l’air d’un gars capable de démêler un brochet d’un achigan. À 10 mètres de distance. En courant.
Vous auriez sûrement voulu savoir si ses prises étaient de bonnes tailles mais j’ai complétement oublié de le lui demander. De toute façon, vous connaissez les pêcheurs. Les poissons auraient été « long d’même ».
Je suis passé à côté de lui en respirant très fort, pas de masque, espérant que son « formidable », comme la Covid-19, vient en gouttelettes et qu’on peut l’attraper au passage.