Parti courir, no 98. 20 janvier 2023
Je suis parti courir. Dans un champ de St-Paul-de-Mausole, en France.
En 1889.
Pause : j’espère que vous avez saisi l’allégorie. Malgré mon récent anniversaire, 1889, c’est pas mal loin comme année de naissance. Si vous aviez fait le calcul et trouviez que ça se pouvait, je vous pardonne, je vous aime pareil. Mais moins. Fin de la pause, on retourne à St-Paul de-Mausole.
Je courais à Chambly mais ma tête était encore pleine des images de la formidable exposition immersive sur Vincent van Gogh, visitée la veille. Projetés sur les murs, plafond et même le plancher, d’immenses agrandissements animés des toiles du peintre. On se promène dans l’œuvre. On admire « Nuit étoilée » et nos pieds font des ronds dans l’eau virtuelle.
Ici, il faut que j’admette que ma relation avec la peinture est pas mal ténue. Pas connaissant du tout, pas même amateur. Mais les expositions immersives, le mélange art et technologie me parle. Cette fois, ce sont trois salles qu’on parcourt successivement. On commence avec des esquisses en noir et blanc et des extraits de la correspondance de Vincent van Gogh pour terminer avec ses toiles les plus connues.
Les deux premières salles sont vraiment bien, la troisième, elle, m’a happé. Au point où j’ai senti le besoin de me lever pour me rapprocher des peintures. C’est arrivé lorsqu’on présente la galerie de ses portraits (et autoportraits), dont certains très subtilement animés. Une vieille dame cligne des yeux une fraction de seconde, toute la toile prend vie. Et c’est comme ça qu’on se retrouve dans un champ de St-Paul-de-Mausole à admirer un laboureur au travail.
La bande sonore y est aussi pour beaucoup. Extraits de lettres, sons d’ambiance, musique d’époque et même, à l’occasion, l’arrangement d’une chanson contemporaine qu’on finit par reconnaître. « America » de Simon and Garfunkel, en version instrumentale toute légère. Puis une autre, sur laquelle l’exposition prend fin, qui m’a lancé dans un processus de « me semble que ça me dit quelque chose, ça ».
Ce processus débute toujours avec la recherche de l’artiste. Dans ce cas-ci, le disque dur de ma mémoire a viré pas mal de tours avant de finir par trouver… Don McLean. L’auteur d’American Pie, que tout le monde connaît. Il l’a écrite en 1971. La chanson a fait le tour du monde, elle tourne encore régulièrement, le pauvre homme est pris pour la chanter à chaque fois qu’il apparaît quelque part.
(Ça pourrait être pire, il pourrait n’avoir rien à chanter et personne qui lui demande d’apparaître quelque part. Insérez ici le nom d’un participant de télé-réalité musicale de votre choix.)
Revenons à l’exposition, ce n’est pas d’American Pie qu’il s’agit. Relance le disque dur, je finis par me souvenir que c’est une autre chanson du même album dont j’ai usé le vinyle à la corde. Une chanson longue et triste que j’aimais beaucoup. Encore un tour de recherche et son nom me revient en tête : Vincent.
Je sortais de la salle. Je pense que c’est le disque dur qui a pris lui-même l’initiative de faire le 1 + 1. Une exposition sur Vincent van Gogh, la chanson s’intitule Vincent… allume, chose!
Vérification faite, McLean lisait une biographie de van Gogh en 1970. Touché par le sort du peintre, interné à sa propre demande en 1889 parce qu’il se croyait fou, le chanteur a voulu lui dire qu’il n’était pas « fou » mais bien hypersensible et aux prises avec une maladie. Il raconte s’être assis devant la reproduction de « Nuit étoilée » et avoir écrit la chanson très rapidement.
51 années, entre ma première écoute de Vincent et la bande sonore de l’exposition van Gogh, c’est le temps qu’il m’aura fallu pour rattacher ces deux improbables ficelles.
51 ans, un peu de patience et un bon disque dur.
Pour écouter « Vincent » de Don McLean : https://youtu.be/oxHnRfhDmrk
1 commentaire
Johanne Jean · 21 janvier 2023 à 7h59
Cher Guy, une vraie mine d’information dans ce disque.😉
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