Parti courir, no 16. 27 avril 2020.
Je suis parti courir. Avec en tête une hypothèse à vérifier. Je pense que les animaux ont compris que les humains passent un bout difficile. Ça les rend un peu plus fanfarons. Pire, je crois qu’ils complotent pour prendre notre place. D’où le titre de cette chronique qui, admettons-le, pourrait aussi être celui d’un film de science-fiction à (très, très) petit budget.
D’abord, il y a les chats. Ma cour est devenue le Tim Horton des chats. Il y en qui passent vite, l’air un peu pressé. Plusieurs sont là pour flâner. Il y a les réguliers qui ne manquent jamais une journée et des nouveaux, probablement en train d’essayer d’agrandir leur territoire.
Par contre, pas de nouvelle du chat Jean-Paul, le boss de la rue des Carrières. Depuis que je vous en ai parlé, à chaque fois que je cours par-là, je me tiens prêt à prendre une photo mais sans succès. Jean-Paul est porté disparu. Peut-être qu’il est « full fru » d’avoir été dénoncé. Possible que la publicité soit très mal vue dans le crime organisé félin et qu’on l’a relocalisé dans un programme de protection des témoins.
Les oiseaux aussi ont pris de l’assurance. Même les cardinaux, eux d’ordinaire si timides. On les entend, beaucoup, mais on les voit peu et encore, de loin. Pourtant, avant-hier, bien installés sur une branche toute proche de la maison, monsieur et madame Cardinal, l’air assez relaxe! Ça n’a pas duré mais toute de même, si les cardinaux commencent à être cool avec les humains, c’est qu’il se passe de quoi.
Toutefois, le vrai signe inquiétant, ce sont les écureuils. Par ici ils sont, disons, robustes. Gros mais discrets. Normalement ils respectent le code préétabli : j’arrive, j’en aperçois un, il m’aperçoit et il se sauve. Mais là, depuis quelques semaines, les écureuils se sont développés une attitude!
En revenant de courir, il y en avait un bien assis sur le plongeoir. Je passe à côté, il ne bouge même pas. Pire, il me regarde l’air de dire : « Heille, l’grand, tu la pars quand la piscine? ». Maudit baveux.
Je pense que les animaux nous voient en position de faiblesse. Ils se disent que l’occasion serait bonne pour nous renverser. Les écureuils ont l’air de diriger l’affaire, les cardinaux s’assurent d’avoir le contrôle de l’espace aérien et les chats, comme d’habitude, sont des espions qui nous gardent à l’œil, l’air de rien. Toujours prêts à faire du sabotage au besoin.
Le début du déconfinement tombe à pic. Davantage de mouvement dans les rues les fera peut-être renoncer à leur coup d’état. N’empêche, restez méfiants envers les écureuils. Surtout si vous avez une piscine.